La main d’œuvre, un enjeu capital !

Le printemps est enfin là et la vie peut reprendre son cours dans nos territoires ruraux! C’est également source de soucis pour les agriculteurs ainsi que pour les producteurs maraîchers et horticoles: auront-ils accès à la main-d’œuvre suffisante et nécessaire pour produire ou pour récolter les fruits de leur production?

 

Le Conseil canadien pour les ressources humaines en agriculture(CCRHA) en collaboration avec le Conference Board du Canada a rendu publique le 15 mars dernier une étude portant sur les données les plus récentes du marché du travail en agriculture au Canada.

Sans vouloir être alarmiste, cette étude établit des constats importants qui, d’après les experts, auront des incidences pour l’avenir de l’agriculture. Elle permet de mettre en évidence des enjeux en matière de main-d’œuvre qui exigeront, tôt ou tard, une intervention de la part du gouvernement canadien et de celui du Québec.

Selon les auteurs, l'agriculture canadienne est aux prises avec un défi d’un genre unique en matière de main-d'œuvre. En effet, les auteurs soulignent qu’en 2014 un emploi sur douze est vacant en agriculture alors que dans les autres secteurs économiques, c’est un emploi sur trente-six. De plus, l'écart entre l'offre et la demande de main-d'œuvre en agriculture est plus élevé que dans tout autre secteur. Cet écart continuera de s'élargir d’ici les dix prochaines années : se situant en 2014 à 59 000 travailleurs, cet écart se chiffrera à 114 000 d'ici 2025.

D’après cette étude, les emplois vacants ont coûté à l'industrie agricole canadienne 1,5 milliard de dollars de ventes en 2014, soit 2,7 % des ventes totales du secteur agricole. Le Québec figure parmi les provinces les mois affectés par ces pertes causées par les emplois non comblés, mais, selon les données du Conference Board, cette perte est significative, car elle s’élève à 7 %, soit quelque 105 millions.

Dix-sept pour cent (17 %) des employeurs agricoles canadiens déclarent avoir dû reporter ou annuler des plans d'expansion en raison des emplois vacants. Les pénuries de main-d'œuvre semblent, par conséquent, avoir une incidence sur les décisions en matière d'investissement et sur le potentiel de croissance du secteur.

Enfin, l’étude nous apprend que les travailleurs étrangers forment une partie importante de la main-d’œuvre agricole totale, soit 12 % des effectifs. Il est reconnu que le secteur agricole fait grandement appel à une main-d’œuvre étrangère et en dépend de plus en plus notamment dans le cas de quelques types de production.

Au Québec, le Centre d’emploi agricole de l’UPA précise qu’en 2012, les producteurs ont accueilli quelque 7 410 travailleurs étrangers temporaires pour comble, par exemple, des besoins en apiculture, pour la récolte de fruits et légumes, pour les semences de colza pedigrees ou pour les productions animales de tout type (bovine, laitière, volaille, canard, chevalin, vison, ovin, porcin).

Force est de constater que les travailleurs étrangers temporaires permettent au secteur d'atténuer les problèmes de pénuries de main-d'œuvre, particulièrement durant la haute saison.

Mais le recours à la main-d'œuvre étrangère est-il en soi la solution à privilégier pour la croissance ou, au contraire, est-il un frein? Ne nous expose-t-il pas à des risques accrus quand les besoins en travailleurs agricoles augmenteront en raison des écarts futurs à combler? De plus, la croissance de nos entreprises agricoles est-elle en péril au moment même où des partenariats ont été conclus avec l’Europe et les onze autres états de l’accord Transpacifique faute d’une main-d’œuvre suffisante pour accroître nos exportations?

La réflexion autour de ces enjeux, mais surtout l’action s’impose! Tarder à y donner suite, me semble-t-il, causera à terme préjudice au secteur.

Les gouvernements ont le devoir d’entamer rapidement des actions dans un contexte où nos territoires ruraux n’ont pas les moyens de perdre des investissements de l’ordre de 100 millions par année faute d’avoir la main-d’œuvre suffisante.

 

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