Depuis mai 2012, j’ai fait l’acquisition – avec ma conjointe – d’une ferme dans le Canton de Dundee. L’endroit est bucolique et magnifique. À un jet de pierre de l’État de New York et de l’Ontario, on peut vivre au Québec « sans y vivre » nécessairement et profiter des avantages quotidiens des États-Unis. Bref, l’endroit de rêve ! Dundee est un canton agricole peuplé de quelques centaines d’habitants, sans aucune adresse commerciale. Même pas un dépanneur ou un guichet automatique. Zion United est la seule église protestante au coin du rang, plusieurs cimetières disséminés un peu partout, que de la grande culture et des fermes laitières. Tous les services de proximité sont américains, y incluant les pompiers et l’ambulance.
Dundee vous dites ? Oui, Dundee – à la mémoire des « premiers colons » en provenance de l’Écosse qui sont débarqués à la Pointe Fraser pour y établir leurs familles à la fin du XVIIIe siècle. Voilà pour l’histoire des Blancs de Dundee. Car cette histoire risque d’avoir une fin brutale au cours des prochaines années. Pourquoi ? Parce que Dundee n’est pas Dundee. C’est plutôt une colonisation en « territoire occupé. » Du moins, c’est l’avis maintenant du Gouvernement fédéral qui a conclu une entente de gré à gré concernant la rétrocession des terres en faveur de la Communauté mohawk d’Akwesasne qui jouxte Dundee.
De cette entente qui mérite d’être expliquée davantage par les autorités, on y apprend que le territoire « Blanc » qui compose essentiellement Dundee fait partie des terres ancestrales des Mohawks d’Akwesasne. Ainsi, après plusieurs décennies de revendication de la part des leaders autochtones de la région, le Gouvernement a fait son lit et convenu d’offrir un règlement global comportant le versement d’une somme forfaitaire d’environ 240 millions de dollars de même qu’un droit de rétrocession sur l’ensemble des terres du Canton.
Pour l’instant, cette entente n’a pas passé le test du référendum local au sein de la Communauté d’Akwesasne, un territoire global sis sur trois juridictions et qui est composé de près de 26 000 habitants et dont l’âge moyen est de 20 ans à peine ! Une chose est certaine, les Blancs de Dundee ne seront pas consultés. Pour l’instant, le peu d’information qui circule fait état d’une rétrocession volontaire des terres en faveur des Premières Nations. Plusieurs agriculteurs sont évidemment inquiets de la perte de leur patrimoine ou d’une cohabitation même éventuelle. Un dossier chaud à suivre sans aucun doute qui viendra tester notre volonté et notre sincérité face au génocide que nous avons fait subir aux Peuples autochtones.