EXCLUSIF: La Vie agricole vient de rejoindre Amir Khadir, député de Québec solidaire, présent à Bruxelles ces jours-ci aux côtés de José Bové pour suivre les discussions autour de l’accord Canada-Europe (AECG/CETA) qui pourrait être signé le 27 octobre prochain. La semaine passée à Montréal, lors de la rencontre des trois premiers ministres du Canada, du Québec et de la France, Justin Trudeau, Philippe Couillard et Manuel Valls, il a été dit que le premier ministre Trudeau prévoyait de se rendre en Europe pour la signature de l’accord à la fin du mois d’octobre. Amir Khadir lui conseille d’autres projets.
« M.Trudeau ferait mieux de se trouver un plan B pour sa journée du 27 octobre» nous a déclaré Amir Khadir rejoint par téléphone. Après nous avoir confié être entré facilement en Europe : « Les gens sont civilisés ici», a-t-il dit, il a remercié les douaniers qui ont retenu la semaine passée quelques heures José Bové aux frontières canadiennes en déclarant : « Ils ont rendu un fier service à notre cause», au regard de la couverture de presse qui a suivi l’affaire.
Il nous a précisé être à Bruxelles pour contrer l’AECG/CETA qui, à son avis, est un véritable danger pour les peuples. Il déplore que l’application de celui-ci ouvre la porte à des poursuites par des entreprises contre les États.
«Le Québec et le parti québécois devraient imiter la Wallonie» dit Khadir
La Wallonie a déclaré au gouvernement fédéral belge son retrait de cet accord et il a raison, de dire Amir Khadir. « C’est ce que devrait faire le gouvernement du Québec et le parti québécois. Je peux vous dire une chose, ici la constitution est plus respectée que chez nous», précise-t-il.
Alors que Krystia Freeland, ministre canadienne du Commerce international, s’est rendue en Wallonie pour convaincre le premier ministre wallon, Paul Magnette, pour l’inciter à rejoindre les états européens en faveur du traité, Amir Khadir reste convaincu que le M. Magnette respectera ses engagements.
«Je veux rappeler à Mme Freeland à quel point certains aspects de cet accord sont dangereux pour l’avenir de notre économie. Cet accord est de la bouillie pour les chats. Ce n’est que du marketing politique», dit-il.
Et il ajoute : « Savez-vous que selon les simulations faites un travailleur canadien perdra per capita d’ici 7 ans, 1700 $/ par emploi. Mme Freeland ne le dit et peut-être ne le sait-elle pas elle-même ?».
Quand nous lui demandons si le premier ministre wallon pourrait revenir sur sa décision, il n’y croit pas. Il dit plutôt que le gouvernement fédéral belge devra en tenir compte : «Je ne crois pas que M. Magnette changera d’avis et le gouvernement fédéral devra donc prendre acte de la situation».
Amir Khadir s’il conteste la signature annoncée, ne se dit pas contre les échanges de commerce international s’ils ont un caractère vertueux : « Je ne suis pas opposé à l’amélioration des échanges, mais il faut y trouver l’intérêt des peuples et non des corporations.»
Les AOC au Québec et au Canada, une vraie honte
Concernant les appellations d’origine contrôlées (AOC) qui sont au nombre de 1400 en Europe dont seulement 140 seraient protégées dans l’accord prévu entre les deux continents, Amir Khadir s’insurge qu’au Québec et au Canada nous n’ayons aucune AOC. « Si nous ne sommes pas capables de protéger des appellations comme l’agneau de Charlevoix, c’est que nous avons affaire à des décideurs publics et politiques des plus irresponsables », nous confie-t-il.
Khadir favorable au Sommet de l’Alimentation qui commence demain
« C’est une bonne chose ce sommet. Toute activité économique doit d’abord viser une action sociale. Si l’agriculture trouve son chemin jusqu’à l’assiette des gens à travers le commerce, il reste que les consommateurs doivent pouvoir influer sainement nos pratiques. Il faut donner une très grande place aux consommateurs », conclut-il.