L’avènement de la robotisation dans la production laitière a considérablement changé le mode de vie des agriculteurs. Parlez-en aux producteurs qui ont adopté des nouvelles technologies telle que le Roboléo, alors que plus d’une soixantaine de robots sont déjà installés au Québec. Cette technologie développée chez nous commence d’ailleurs à percer en Ontario et elle attire bien des regards en provenance de différents pays. Mais les défenseurs de la vache en liberté ont aussi leurs arguments. La Vie agricole est allée à la rencontre d’acteurs dans le milieu qui ont tous de bons arguments pour une méthode ou une autre.
Le robot qui va à la vache
La trayeuse qui se promène sur des rails et va chercher la vache en stabulation entravée a été inventée par Léo Rousseau, en 2009. Depuis quelques années, elle est fabriquée par l’entreprise Milkomax qui se charge aussi de l’installation et de l’entretien de sa flotte. Le robot, qui peut faire de 150 à 160 traites par jour, permet au producteur d’être beaucoup plus libre de son temps. Plus besoin de se lever à l’aube pour traire les vaches et d’y retourner en fin de journée, le robot fait le travail. Il peut même faire une troisième traite si la taille du troupeau le permet. Le producteur n’a même plus besoin d’être présent, et il peut regarder faire le travail à distance sur une tablette ou un téléphone intelligent. Le fermier devient pratiquement plus qu’un gestionnaire qui est là au cas où la machine ferait défaut. Le robot est aussi plus efficace que l’homme, puisqu’il fait toujours les mêmes mouvements, les mêmes bruits et passent toujours aux mêmes heures.
Une préférence pour les vaches attachées dit Victor Rousseau
De plus en plus connue, cette technologie a permis à Milkomax, qui fabrique les robots brevetés par Léo Rousseau, de tripler sa production à son usine de Sainte-Monique, au Centre-du-Québec. Même si elle a le vent dans les voiles, l’entreprise fait face aux lobbys des fabricants de robots de traites automatisés pour les vaches qui demeurent libres dans l’étable qui prône le bien-être animal.
Une notion discutable, selon Victor Rousseau, le fondateur de Milkomax, qui met en marché le Roboléo avec l’aide de concessionnaires répartis au Québec et en Ontario. Celui-ci estime que le modèle traditionnel des vaches attachées dans l’étable est encore ce qui se fait de mieux.
«Une vache, c’est un ruminant. Ce qu’elle aime, c’est de déguster des aliments. Après ça, tout ce dont elle a besoin, c’est d’un coin propre et tranquille où elle ne sera pas bousculée», estime celui qui a aussi développé l’entreprise Rovibec qui fabrique des robots pour alimenter les troupeaux.
M. Rousseau ne croit pas au modèle européen des vaches libres. «Ils viennent nous faire la morale avec le bien-être animal, mais je ne toucherais même pas à leur fromage. Si tu voyais dans quelles conditions sont les vaches, m’a-t-il confié lors d’une visite de son atelier de production. Ce n’est pas pour rien que le lait est d’une plus grande qualité au Québec.»
Des vaches en libre-service, un autre choix !
De son côté, Adrien Breault est plutôt un défenseur des vaches libres. Ils préfèrent toutefois ne pas avoir recours aux robots comme d’autres producteurs le font avec des machines où la vache se rend elle-même pour la traite. Il a plutôt recours à une salle de traites où les vaches se rendent plusieurs fois par jour en petits groupes. « Ça prend plus de temps, mais nous n’avons pas de limites pour le nombre de vaches comparativement à un robot qui a une capacité limitée. On peut faire trois traites par jours et augmenter notre production. Comme nous avons une grosse ferme, il faut du personnel en conséquence », souligne-t-il.
Il ne voit pas d’inconvénients à gérer un troupeau de vaches libres, puisqu’un nettoyage mécanique se fait et que le fumier s’en va directement dans une fosse sous les lattes où se trouvent les vaches. Après avoir essayé des robots libre-service, certains producteurs se sont d’ailleurs dits déçus par les performances de cette technologie qui peut prendre trois mois d’entraînement pour que le troupeau sache s’en servir.
D’autres apprécient toutefois grandement cette technologie qui permet de réduire les heures passées à l’étable tout en augmentant la production à plus que deux traites par jour. Grâce à cette technologie, le robot détecte une puce insérée dans le collier de la vache et lui donne à manger pendant qu’elle se laisse traire.
Le principal avantage des vaches libres, comme c’est le cas dans certaines étables au Québec (10% en 2013, selon Québec Science), serait le «bien-être» de l’animal qui peut se promener dans le bâtiment selon ses adeptes. Les vaches peuvent ainsi faire de l’exercice dans un parc spécialement aménagé à ces fins, en plus de décider à quels moments elles mangent et quand elles se font traire.