Des abeilles importantes pour notre agriculture
Le déclin des abeilles préoccupe toujours la population et les apiculteurs. En effet, le nombre de pollinisateurs, tant les abeilles que les autres pollinisateurs sauvages, continue de diminuer. C’est un problème de taille pour l’agriculture, puisqu’on estime qu’un tiers de ce que nous consommons dépend de la pollinisation. La disparition des abeilles, qui sont les plus grands pollinisateurs, ça signifie que les ruches produisent également moins de miel. Depuis une quinzaine d’années, des pertes importantes sont recensées et le phénomène, sans toutefois s’accentuer, ne disparaît pas. L’Amérique du Nord est particulièrement affectée. Au Canada, le Québec n’est pas épargné avec un taux de mortalité encore trop élevé.
Sans les pollinisateurs notre alimentation serait très fortement modifiée. La production de bleuets, par exemple, baisserait de 80% et celle des pommes de 90 %. Environ 40 % des produits alimentaires, contenus dans notre assiette, proviennent indirectement ou directement du travail des abeilles par la pollinisation des fruits, légumes et autres plantes. Une bonne partie de la diversité de ce que l’on mange est également due aux pollinisateurs sauvages.
Pour le Mapaq, les pesticides ne sont pas la seule cause
Selon Mme Julie Ferland, vétérinaire responsable des abeilles au MAPAQ (Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec) : « Il existe beaucoup de chiffres sur la situation des abeilles et on peut les interpréter de différentes façons. Les pesticides, les néonicotinoïdes, en particulier, sont très ciblés mais ce ne sont cependant pas les seuls facteurs en cause. Le déclin des abeilles est dû à l’exposition à divers agents, dont : la pollution, les changements climatiques, les pathogènes, etc. Dans la lutte contre ce déclin, les apiculteurs sont mis à contribution. Au MAPAQ, nous continuons d’enquêter sur la quantité de pesticides présents dans les abeilles décédées et sur la mortalité hivernale des abeilles. Nous avons une équipe de chercheurs qui travaille là-dessus tous les jours. Les apiculteurs sont mis à contribution. Dans toutes les régions du Québec, lorsqu’un apiculteur nous signale des cas de maladies, de faiblesse ou de mortalité dans les ruches; l’équipe apicole, composée de vétérinaires inspecteurs, se déplace, va sur les lieux, fait gratuitement des analyses (bactéries, virus), des recommandations et des prescriptions. Les apiculteurs nous aident! »
Toujours selon Mme Ferland : « La monoculture peut amener des carences potentielles. Ça répond à un besoin mais ce n’est pas optimal pour les abeilles qui sont obligées de parcourir de grandes distances pour aller chercher une grande diversité dans leur alimentation afin de produire du miel. La biodiversité, c’est plus de ressources nutritionnelles pour les abeilles. Il faut porter attention aux pesticides et aux engrais et ne les utiliser que lorsque c’est vraiment nécessaire, pas tout le temps. Il existe aussi des pathogènes. Il faut des notions pour contrôler les maladies. On ne s’improvise pas apiculteur, il faut être encadré, avoir des notions sinon ça pourrait être néfaste pour l’environnement. Notre rôle c’est aussi de renseigner les apiculteurs sur le varron (acarien), la nosémose (fongique). Il faut prévenir, instruire, dépister et intervenir rapidement avec des traitements.»
Nos pratiques agricoles doivent-elles être remises en cause?
Protéger l’environnement sans limiter le potentiel de production, c’est le défi de l'heure des entreprises agricoles et agroalimentaires.
Santé Canada reconnaît aujourd’hui l’implication des néonics sur le déclin des abeilles. C’est actuellement la classe d’insecticides la plus utilisée dans le monde. Ils sont particulièrement toxiques pour les insectes, car ils s’attaquent au système nerveux. L’insecticide se retrouve sur les fleurs, dans le sol et même dans les flaques d’eau, qui sont également contaminées. Les abeilles s'empoisonnent à petites doses. Avec la montée de la monoculture et la disparition de la presque la totalité des prairies à fleurs, les pollinisateurs souffrent de malnutrition. Ils sont affaiblis, leurs défenses immunitaires sont à la baisse et ils sont ainsi plus vulnérables aux parasites. Tous ces facteurs contribuent à leur disparition.
Mais comment peut-on assurer la pollinisation? Certains disent qu’on n’a qu’à se tourner vers les pollinisateurs sauvages. Le problème, c’est qu’ils sont eux-aussi menacés. Il faut donc pratiquer l'agriculture dans le respect de l'environnement. La protection des ressources naturelles, de la biodiversité et de l’environnement est devenue une priorité. C'est ici que la science de l'agroenvironnement entre en scène. Elle met de l'avant des solutions qui concernent, notamment : l’entreposage et le traitement des fumiers, la qualité des sols et de l'eau ainsi que la gestion des pesticides et des fertilisants. Des efforts sont déployés pour atténuer les répercussions de la production agricole sur les milieux naturels. De nouvelles façons de faire doivent désormais être mises en œuvre.
L’intensification des productions végétales et animales n'est pas sans conséquence. Les apports de fertilisants, les phénomènes de dégradation des sols et l’usage de pesticides ont un impact sur l'environnement. Les effets des changements climatiques sont aussi bien réels. Beaucoup de travail reste à faire pour résoudre les problèmes écologiques actuels. Heureusement, des avancées technologiques ont fait évoluer les pratiques en agriculture. Certaines ont déjà été mises en œuvre sur le terrain par les entrepreneurs agricoles.