La Vie agricole est allée à la rencontre de l’Association Canadienne des Professionnels de l’Apiculture (ACPA) et du Ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques ( MDDELCC) : « Il est essentiel de travailler sur plusieurs plans pour assurer la pérennité du secteur apicole et des productions agricoles qui en dépendent. » de déclarer un récent rapport de L’ACPA (Association Canadienne des Professionnels de l’Apiculture). « Le Québec, suite à 25 ans d’intervention, a fait des progrès en matière de gestion responsable des pesticides, toutefois nous devons reconnaître que des actions restent à poser», selon Clément Falardeau, Relationniste à la Direction des communications au MDDELCC.
Un Réseau Apicole a été mis sur pied : On retrouve donc dans chaque région du Québec, un réseau apicole composé d’apiculteurs sentinelles, de vétérinaires et d’agronomes du MAPAQ, de chercheurs d’établissements universitaires et de représentants d’associations d’apiculteurs. Par conséquent, dès qu’il y a découverte d’un problème ou d’une situation susceptible de mettre en péril la santé du cheptel ou la santé publique ; on doit en faire tout de suite le signalement. Les données ainsi recueillies sont également utilisées à des fins de surveillance.
Dans le « Rapport sur la mortalité hivernale de colonies d’abeilles au Canada (2016) », préparé par le Comité sur les enquêtes nationales de l’ACPA et les responsables provinciaux, on mentionne que la situation demeure préoccupante et fragile. On écrit que depuis le milieu des années 2000, différents facteurs ont été avancés pour expliquer le phénomène de la mortalité anormalement élevée des colonies d’abeilles et que le cumul de plusieurs de ces facteurs semble multiplier les dommages. Les éléments le plus fréquemment cités sont: la nutrition (un appauvrissement de la diversité végétale et de la qualité des ressources florales mellifères et polliniques), l’intensification des pratiques apicoles (la transhumance pour la pollinisation commerciale), l’intensification des pratiques agricoles (les monocultures et la pauvreté de la biodiversité qui s’ensuit), les maladies et les parasites (la varroase, la nosémose, les loques, les virus et le petit coléoptère de la ruche), l’exposition aigüe et chronique aux pesticides, les traitements utilisés dans les ruches par les apiculteurs et, surtout, les produits phytosanitaires employés par les agriculteurs pour la production de maïs, de soya ainsi que de fruits et de légumes, dont les néonicotinoïdes).
On ajoute cependant que l’enquête annuelle sur la mortalité hivernale des colonies ne permet pas de mettre en évidence l’impact de tous ces facteurs ; mais qu’elle permet de rappeler qu’il est essentiel de travailler sur plusieurs plans pour assurer la pérennité du secteur apicole et des productions agricoles qui en dépendent. Toujours selon dans la conclusion de ce même rapport on écrit qu’en janvier 2016, « Agriculture et Agroalimentaire Canada a estimé que la contribution économique des services de pollinisation livrés par les abeilles domestiques se situait entre 3 et 5 milliards de dollars par année. »
Une chose est sûre, en modifiant nos façons de faire, c’est non seulement les abeilles domestiques qui en profitent, mais aussi les abeilles sauvages.
«La protection de ces pollinisateurs exige la prise en compte de plusieurs facteurs.» dit le MDDELCC
Le 22 novembre 2015, le ministre David Heurtel a présenté les grandes orientations et les objectifs qui guideront les actions du gouvernement dans les prochaines années pour protéger la santé de la population, les pollinisateurs et l'environnement. La Stratégie québécoise sur les pesticides 2015-2018 veut protéger la santé : de la population (en augmentant les restrictions quant à l’utilisation des pesticides sur les végétaux en milieu urbain), des agriculteurs (en resserrant l’encadrement des pesticides les plus à risque utilisés à des fins agricoles), des pollinisateurs (en réduisant leur exposition aux néonicotinoïdes) et de l’environnement (en limitant les risques de contamination). La Stratégie s’appuie sur une approche légale et réglementaire pour encadrer l’utilisation des pesticides les plus à risque, dont les insecticides de la famille des néonicotinoïdes, dit-on au MDDELCC
Clément Falardeau précise: « La protection de ces pollinisateurs exige la prise en compte de plusieurs facteurs tels que : les parasites, les organismes nuisibles, les agents pathogènes et la diversité génétique ; la perte d’habitat, la disponibilité alimentaire et la gestion des ruches; les changements climatiques et les conditions météorologiques ainsi que l’exposition à des pesticides, dont les néonicotinoïdes. Les néonicotinoïdes sont une famille d'insecticides qui agissent sur le système nerveux des insectes. Ils ont des effets nocifs sur la santé des pollinisateurs. Trois néonicotinoïdes (imidaclopride, thiaméthoxame et clothianidine) sont hautement toxiques pour les abeilles et contribuent à leur déclin. Les néonicotinoïdes sont une famille d’insecticides largement utilisés pour enrober les semences de maïs et de soya afin de les protéger contre les ravageurs des semis. Les abeilles et les autres pollinisateurs peuvent être exposés aux néonicotinoïdes par la pulvérisation des gouttelettes de pesticides, par les poussières dégagées lors de la mise en terre des semences traitées, ainsi que par le pollen, le nectar et l’eau contaminés. Il est même reconnu que les poussières sont responsables d’une mortalité élevée chez les abeilles. Un examen récent portant sur 800 études scientifiques a montré que les néonicotinoïdes ont des répercussions sur les pollinisateurs et sur d’autres organismes comme les oiseaux, les vers de terre et les invertébrés aquatiques. À long terme, ces insecticides ont des effets négatifs sur la santé des abeilles et sur leur capacité à collecter du pollen, à s’orienter et à se reproduire. Elles deviennent également plus vulnérables aux maladies. Les néonicotinoïdes peuvent altérer les fonctions immunitaires des oiseaux et des poissons, en plus de réduire leur croissance et leur reproduction ; Sur les invertébrés terrestres, comme les vers de terre, les effets vont de la modification du comportement, telle que l’arrêt de l’alimentation, jusqu’à la mortalité. »