Les 75 producteurs laitiers du Wisconsin abandonnés par le transformateur Grassland ont tous trouvé un nouveau transformateur prêt à acheter leur lait. Mullins Cheese, Dairy Farmers of America et Rolling Hills Cooperative sont notamment venues à leur rescousse au cours des dernières semaines. Certains des producteurs laitiers ont cependant dû faire des concessions à la baisse sur le prix d’achat de leur lait, mais pas au point de les pousser vers la faillite.
Les producteurs laitiers du Wisconsin ont pu replacer l’équivalent d’un million de livres de lait par jour, ou 100 000 gallons, estime le site web The Cattle.
Contre la gestion de l’offre
Même si l’état d’urgence est passé au Wisconsin, les tenants de l’abolition de la gestion de l’offre au Canada poursuivent leurs attaques contre ce qu’ils continuent de qualifier « une taxe sur l’importation du lait diafiltré ».
Des groupes de l'industrie laitière des États-Unis, ont écrit à Trump « d'exhorter Trudeau à mettre fin à la politique de prix qui a perturbé certaines exportations de produits laitiers américains et à donner la priorité à l'accès au marché des produits laitiers dans les négociations sur la renégociation de l'ALENA », cite le journal Learning & Finance.
Ces Américains en ont tout spécifiquement contre la Stratégie nationale des ingrédients, qu’ils qualifient de « programme de prix qui offre des incitations aux transformateurs laitiers canadiens qui les détournent de l'achat de produits laitiers aux États-Unis. »
Des données statistiques publiées récemment par le USDA’s National Agricultural Statistics Service (NASS) indiquent que, malgré les crises aux frontières canadiennes et mexicaines, la production laitière a grimpé de 1,8 % entre mars 2016 et mars 2017, atteignant 17 524 milliards de livres de gras. Des hausses ont aussi été enregistrées en janvier et février derniers.
Le nombre de vaches laitières dans les fermes des 23 états déclarants en mars était de 8 709 millions de têtes, 7 ,000 de têtes de plus qu'en mars 2016 et 15 000 de têtes de plus qu'en février 2017. Seuls la Californie, la Floride et l’Oregon ont diminué leur cheptel laitier en une année. La production de la Californie est passée à 3,5 milliards de livres de gras en mars 2017, une baisse de 2,9 % par rapport à mars 2016.
La Californie demeure le premier fournisseur de lait écrémé du Mexique. Par contre, les déclarations fracassantes de Donald Trump ont eu l’heur d’inciter le gouvernement mexicain de négocier des ententes d’importation avec l’Union européenne qui aurait augmenté ses exportations de 122 % en janvier et février deniers vers le Mexique, selon des sources de l’Observatoire européen du marché du lait. Des discussions sont aussi en cours avec la Nouvelle-Zélande.
Pour la gestion de l’offre
Quoiqu’en dise Donald Trump et ses partisans inconditionnels, plusieurs producteurs laitiers américains ont porté une attention studieuse aux explications des avantages de la gestion de l’offre (GO) au Canada, présentés en réplique non seulement par les Producteurs de lait du Canada, mais plusieurs observateurs du secteur.
Ainsi, les membres de la Wisconsin Farmers Union ont reçu de leur association une longue présentation de la gestion de l’offre canadienne, laquelle se termine par une affirmation des plus significatives : « la gestion de l'offre est un système avantageux pour stabiliser une industrie d'une manière qui profite aux producteurs, aux transformateurs, aux consommateurs et aux contribuables. C'est l'approche la plus réaliste et la plus intéressante, non interventionniste, pour maintenir notre industrie stable et prévisible pour les générations futures. »
Une analyse qui trouve plusieurs appuis au Canada, notamment chez le professeur Sylvain Charlebois, de l’Université de Dalhousie en Nouvelle-Écosse, qui reconnaît, dans une des ses nombreuses interventions, que sans la gestion de l’offre et ses 30 milliards de dollars en valeur de quota que prennent en garanties les banques et les caisses populaires « la production laitière domestique s'effondrerait. »