Deux récentes études, l’une canadienne et l’autre américaine, démontrent que l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) a largement profité aux producteurs laitiers et aux éleveurs des États-Unis. Cela n’empêche pas les industriels américains du lait de réclamer une plus grande ouverture des frontières. Ce que les PLQ juge déraisonnable.
Selon des données compilées sur le commerce international et la connaissance des marchés du Canada, depuis la mise en œuvre de l'ALENA, les exportations de produits laitiers vers le Canada et le Mexique ont totalisé environ 21 milliards de dollars (G $). Cela représenterait une augmentation de plus de 500% par rapport aux niveaux antérieurs à l'accord, en 1994. Les principaux produits laitiers exportés comprennent la poudre de lait, le fromage, les protéines du lait, le lactosérum, le beurre et la matière grasse du lait.
En contrepartie, les États-Unis importent également une variété de produits laitiers du Canada et du Mexique, dont des produits laitiers transformés, des fromages spécialisés et du beurre, dont la valeur était évaluée à 691 millions de dollars en 2016.
De son côté, l’ American Farm Bureau Federation (AFBF) calcule que les retombées de l’ALENA en terme d’exportations vers le Mexique et le Canada sont passées 8,9 G $ en 1993 à 38 G $ en 2016.
Différences analyses de l’étude canadienne démontrent que la balance commerciale nette dans les produits laitiers avec les membres de l'ALENA est passée de plusieurs centaines de millions de dollars par an à plus d'un milliard de dollars chaque année. La balance commerciale cumulative des produits laitiers s'élève à 12 G$ en faveur des producteurs de produits laitiers et des transformateurs des États-Unis.
Ouverture complète des frontières
Dans une lettre de 15 pages remise en juin à l’administration du président Donald Trump, les représentants de la National Milk Producers Federation et du US Dairy Export Council se sont outrés de l’existence de nouvelles règles canadiennes qui entravent la vente de lait diafiltré au Canada. Ils en rajoutent et demandent un accès accru au marché canadien supérieur à 3,25%, entente qui avait été entérinée par les négociateurs canadiens lors des négociations entourant le Partenariat TransPacifique.
"Nous considérons les discussions sur la modernisation de l'ALENA comme la dernière opportunité afin d'ouvrir véritablement le marché nord-américain", ont écrit les lobbyistes américains du lait.
De son côté, le directeur exécutif des politiques publiques de l’AFBF, Dale Moore, soutient que « les négociations devraient aboutir à la croissance des exportations agricoles américaines au Canada si les barrières tarifaires des produits laitiers, des volailles et des œufs étaient réduites ou éliminées, ainsi que les obstacles relativement récents aux exportations de lait diafiltré».
Unanimement, les différents lobbys américains suggèrent que l’abolition de la création des classes 6 et 7, qui concurrence directement le lait diafiltré américain, soit prioritaire,. On se souviendra que le secrétaire à l’Agriculture, Sonny Perdue, avait exigé pareille élimination lors de sa rencontre avec le ministre canadien de l’Agriculture, Lawrence MacAulay, à Toronto le 5 juin dernier.
Demandes déraisonnables
Interrogée sur les demandes des industriels américains, la fédération des Producteurs de lait du Québec estime qu’elles sont « déraisonnables ».
« La réponse du gouvernement canadien est très claire. La classe 7 est une entente entre les industriels et les producteurs. C’est entièrement notre droit de négocier avec les transformateurs. Et les Producteurs de lait du Québec ont dénoncé les négociateurs canadiens qui ont cédé davantage d’importations de produits laitiers avec le Partenariat TransPacifique », a déclaré le porte-parole François Dumontier.
Il rappelle que le gouvernement américain n’a toujours pas déposé ses demandes et que toute analyse actuelle ne peut être que de la « spéculation ».
Il s’est refusé à dévoiler la stratégie que les Producteurs de lait québécois et canadien mettront de l’avant pour accroître l’appui de l’opinion publique et ainsi forcer les négociateurs canadiens à maintenir une position ferme face aux pressions américaines.