Le ministre «répond» aux critiques

À peine la troisième rencontre du Sommet sur l’alimentation du MAPAQ était-elle lancée, qu’elle faisait l’objet de nombreuses critiques sur son format, alors que plusieurs acteurs sentaient que l’exercice était biaisé.

La Vie agricole a tenté d’obtenir les réactions du ministre responsable de l’Agriculture à plusieurs reprises, mais par manque de temps à son agenda fort chargé, Laurent Lessard a décliné notre invitation. C’est son attaché de presse, Mathieu Gaudreault, qui a tenté de calmer le jeu.

D’abord, sur le fait que des petits agriculteurs ont pu se sentir bâillonnés en étant réduits au statut d'observateur, sans droit de parole, il a admis que «c’est un endroit d’échange et de discussion», mais que le format de ces rencontres ne permet pas d’entendre l’ensemble des acteurs qui le souhaitent.

Il a toutefois renvoyé les acteurs et les consommateurs désireux de s’exprimer à  la plateforme Web consacrée au Sommet sur l’alimentation mise en ligne sur le site du MAPAQ.

Pour ce qui est de laisser plus de place aux débats pour favoriser les échanges, comme le réclamait notamment l’Institut Jean-Garon, on estime qu’il était préférable de s’y prendre autrement du côté du MAPAQ.

«Des choix de formats doivent être faits dans ce type d’événement et nous souhaitions avoir des rencontres pertinentes, informatives et vivantes, fait valoir l’attaché de presse du ministre. Les différents points de vue peuvent être recueillis autrement que dans les débats, et nous avons fait ce pari avec la consultation Web et les différents séminaires.»

Quant au boycott de l’Union paysanne, on a senti une pointe de déception du côté du ministère. «Tous les acteurs de l’industrie agricole au Québec ont quelque chose à amener au débat afin de construire une industrie encore plus prospère, efficace et à l’écoute des besoins des consommateurs. Par contre, ils sont libres de faire les choix qu’ils croient être les plus porteurs», a souligné Mathieu Gaudreault.

Trop de pouvoir pour l’UPA?

Pour ce qui est de l’Union des Producteurs agricoles (UPA), comment expliquer qu’elle disait ne pas vouloir du Sommet avant sa tenue, mais qu’elle semblait bien s'entendre avec le ministre rendu au volet 3?

Y a-t-il eu une entente derrière les portes-clauses pour continuer de régner sur l'agriculture? Une question qui demeurera pour le moment sans réponse, étant jugée tendancieuse.

On n’a pas pu non plus en savoir plus sur ce que pense le ministre du geste du producteur Michel Fabry, qui a étendu du purin à l’entrée de l'UPA. Un homme qui a été présenté comme étant perturbé, mais qui semble au contraire assumer son geste et parler au nom de l'ensemble des producteurs. «Considérant la judiciarisation possible de ce dossier, nous ne commenterons pas», s’est limité à dire l’attaché de presse de Laurent Lessard.

Malgré la récente analyse du réputé Denis Lessard, dans La Presse, qui révèle que plusieurs membres de l'UPA en mènent trop large à la Financière agricole, en étant juge et partie, et donc en conflit d’intérêts, le ministre ne compte pas intervenir à ce moment-ci pour régulariser la situation.

«Nous n’envisageons pas de modifier la loi, mais nous travaillons afin d’assurer que les membres issus de l’UPA se comportent comme des administrateurs, et non comme des prolongements de leur organisation», a insisté son attaché de presse.

Un ministre à temps plein?

Sur les nombreuses critiques qui qualifient Laurent Lessard de «demi-ministre» en Agriculture – étant donné qu’il occupe aussi la même fonction aux Transports – et qui réclament un ministre à «temps plein», il assure que le monde agricole n’est pas laissé pour compte.

«Malgré la charge de travail importante qui vient avec la responsabilité de deux ministères si importants, je peux vous assurer que nous mettons toutes les énergies nécessaires afin d’assurer un suivi prioritaire aux enjeux agricoles», fait valoir M. Gaudreault.

«Le ministre est sur le terrain, il participe à un grand nombre de rencontres, de sommets et de réunions avec les différents acteurs du monde agricole tout en faisant avancer les dossiers administratifs du MAPAQ», assure-t-il.

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