La gestion de l’offre a eu raison de Maxime Bernier. Le candidat à la chefferie du parti conservateur du Canada aura perdu son élection in extremis à cause de sa position contre la gestion de l’offre. Une bonne nouvelle en soi, non pas parce que c’est Maxime Bernier, mais parce que le débat sur un sujet agricole peut faire la différence entre une victoire et une défaite en politique. Maxime Bernier a au moins eu le mérite de mettre de l’avant un sujet important pour notre économie, la gestion de l’offre.
Il est assez surprenant de lire des analystes qui s’étonnent que Maxime Bernier ait pu perdre à cause de ses positions sur la gestion de l’offre. Certains y voient même un complot organisé par le méchant lobby de l’UPA. La réalité c’est que ses positions pour l’abandon de la gestion de l’offre ont suscité un débat, ou beaucoup de gens se sont exprimés en faveur du maintien de ce système, estimant que la société canadienne en a besoin pour préserver son agriculture, son identité. Certes beaucoup d’agriculteurs se sont mobilisés, mais aussi leurs amis, et les gens qui gravitent autour de cette industrie, en sachant que si la gestion de l’offre disparaît ce n’est pas quelques fermes qui fermeront, mais des régions entières. L’UPA a été active, c’est son rôle, mais la mobilisation est réellement venue de la base.
Le poids démographique de l’agriculture étant ce qu’il est, moins de 1%, il est encourageant de voir qu’elle peut susciter le débat en politique et même être un enjeu électoral. Dans cette campagne à la direction du parti conservateur, beaucoup de candidats se sont sentis obligés de donner leur opinion sur la gestion de l’offre, tout simplement parce que c’était un enjeu électoral. Dans nos démocraties les politiciens gagnent ou perdent des élections sur des enjeux qui mobilisent les opinions. Certains sujets mobilisent automatiquement les opinions, telles la langue, la religion, et généralement les politiciens sont assez prudents sur ces enjeux, car ils peuvent vous faire gagner, mais aussi vous faire perdre. Mais souvent pour un politicien, il est difficile de dire quels sujets deviendront des enjeux. Quand ils le deviennent les politiciens deviennent plus attentifs, ils s’informent plus et sont beaucoup plus prudents dans leur position au pouvoir ou dans l’opposition.
Au cours de la dernière campagne électorale, la gestion de l’offre s’était invitée dans la campagne, sans trop de conséquences, mais elle faisait partie des débats. La défaite de Maxime Bernier au fil d’arrivée a consacré la gestion de l’offre comme un enjeu politique qui compte. Le genre d’enjeu qui mobilise suffisamment de gens pour qu’ils deviennent des militants actifs et militants qui font la différence dans les luttes serrées.
Aujourd’hui, plus de monde au Canada connaissent la gestion de l’offre, savent qu’elle est importante pour l’économie. Dans un contexte de renégociation de l’ALENA le gouvernement sait qu’il ne pourra pas échanger la gestion de l’offre dans l’indifférence de l’électorat. Il devra la défendre et il sait maintenant qu’il devra expliquer à l’électorat toute concession.