NDLR : En raison d’une demande de correctif, pour le commentaire de M. Jean Vigneault cité dans l’article de la journaliste Denise Proulx, que celui-ci estimait faussement attribués dans la version publiée sur le web du 5 au 7 septembre, nous venons de modifier le texte pour intégrer les termes mot pour mot qu’il a envoyé à notre journaliste par courriel.
Le cas de Michel Fabry est l’élément déclencheur pour aider d’autres agriculteurs en difficulté. « Les producteurs agricoles sont des gens solidaires », rappellent les instigateurs du Fonds de soutien aux producteurs agricoles (www.fspa.ca), créé à la mi-août pour amasser des sommes d’argent pour aider financièrement Michel Fabry, poursuivi au criminel par la Direction des poursuites criminelles et pénales de Longueuil. Mais, il pourrait y avoir bien d’autres cas, comme des accidents de travail sur les fermes, des catastrophes naturelles. « J’espère que le fonds va rester capable de servir d’autres causes », indique son porte-parole Bruno St-Pierre, de la ferme A&D St-Pierre de Grenville.
Interrogés sur l’existence du FSPA, le porte-parole de l’UPA, Patrice Juneau, ne croit pas que ce mouvement soit plus large que pour soutenir la cause de Michel Fabry. Le directeur des communications et vie syndicale des Producteurs de lait du Québec, Jean Vigneault a simplement répondu « nous n’accorderons pas d’entrevue et nous abstiendrons de tout commentaire à ce sujet », à notre demande d’entrevue avec le président Bruno Letendre sur le sujet.
« Ça ne me dérange pas qu’ils pensent çà. Créer ce fonds, c’est valorisant, j’ai eu du fun au coton, je me sens utile. Notre énergie, on la met plus à canaliser l’aide autour d’un producteur dont la situation s’est dégradée et qui ensuite va en aider d’autres », poursuit Bruno St-Pierre.
« On a perdu de la qualité de vie sur nos fermes. Avant, nous avions le temps de jouer aux cartes ensemble, on en profitait pour se parler de nos problèmes. Maintenant, ça s’est beaucoup détérioré, on n’a plus le temps de le faire. C’est dommage que des gens qui sont là pour nous représenter ne laissent pas la place pour différents points de vue », ajoute Lise Beauchamp, qui souhaite que le FSPA puisse permettre à tout le monde de défendre leurs opinions.
« On coule, on coule »
La poursuite au criminel intentée contre Michel Fabry a été la goutte qui a fait déborder le vase, complète Ana Maria Martin, une voisine établie sur une ferme à Henryville.
« Je ne suis pas d’accord avec le geste qu’il a posé, mais encore moins qu’on l’ait amené au criminel. Ce qu’il a dit, c’est qu’il y a un problème. Moi, j’ai tout fait pour augmenter ma productivité avant la chute des prix du lait. Je suis devenue meilleure, mais ma situation financière elle ne s’améliore pas. On coule, on coule. On crie plus fort, mais on est en train de s’endormir. Il faut nous réveiller », lance-t-elle dans un cri du cœur.
Tous les trois le répètent : on n’en a pas contre l’UPA, mais on veut plus de leadership, plus de transparence, plus de communication, et le retrait de la poursuite contre un producteur laitier qui a dit haut et fort que ça ne pouvait plus continuer ainsi, surtout pour la relève.
À ce jour, Michel Fabry doit jongler avec une facture de 35 000$ envoyée par la compagnie d’assurance de la Maison de l’UPA, Impact Assurance. Il doit aussi prévoir des frais d’avocats qui s’élèveront à des dizaines de milliers de dollars. Sa cause a été reportée au 7 novembre prochain, afin de laisser le temps aux avocats de tenter une entente hors-cour.
« On va essayer de solliciter le monde pour amoindrir l’impact négatif, son stress, lui faire sentir qu’il a du soutien, de partout au Québec. Mais, je le répète, poursuivre Michel Fabry au criminel, ça n’a aucun sens. Il sera interdit d’entrée aux États-Unis, il aura un casier judiciaire qui le suivra toute sa vie. C’est totalement démesuré. Il fallait entendre son message, pas lui taper sur la tête », poursuit Lise Beauchamp.
Les personnes qui souhaitent offrir un don peuvent le faire en se rendant sur le site web du Fonds de soutien aux producteurs agricoles ( www.fspa.ca ) et choisir une des options disponibles, que ce soit par le paiement par carte de crédit, un chèque par la poste ou un virement bancaire.