Un dollar canadien vigoureux et des taux d’intérêt plus élevés pourraient causer des difficultés au secteur de l’agriculture, mais ils n’affaibliront pas forcément la situation financière des producteurs, selon Jean-Philippe Gervais, économiste agricole en chef à Financement agricole Canada (FAC).
« L’agriculture canadienne repose sur de solides bases et la situation financière de la plupart des exploitations agricoles est bonne, ce qui leur permettra de faire face à la plupart des fluctuations importantes de notre économie », a déclaré M. Gervais, lors de la publication du rapport Perspectives concernant les actifs et la dette agricoles pour 2017-2018 de FAC. « La conjoncture économique ne cesse d’évoluer, or, ce n’est pas tant les changements eux-mêmes qui représentent le plus grand défi mais plutôt la vitesse à laquelle ces changements se produisent. »
Depuis juillet, la Banque du Canada a haussé son taux d’intérêt d’un quart de point de pourcentage à deux reprises, indiquant aux marchés financiers que la conjoncture économique pourrait entraîner des hausses des taux d’intérêt à long terme.
Parallèlement, le dollar canadien s’est raffermi et il pourrait osciller autour de 0,80 $ US dans un avenir prévisible. Si la faiblesse du dollar est favorable aux exportations, elle a toutefois rendu les achats d’équipement à l’étranger, en particulier ceux aux États-Unis, plus dispendieux pour les producteurs.
Le rapport de FAC examine la liquidité des exploitations agricoles, qui reflète la capacité des producteurs à effectuer leurs paiements à court terme et la solvabilité, qui est la proportion des actifs totaux financés par des emprunts. Les deux indicateurs suggèrent que la vaste majorité des exploitations agricoles sont bien placées pour absorber l’impact de la hausse des taux d’intérêt et du raffermissement du dollar canadien.
Le ratio d’endettement au sein du secteur agricole canadien demeure aussi historiquement faible à 15,4 %. Un ratio d’endettement faible offre une souplesse financière et diminue le risque.
M. Gervais déclare que les hausses de taux d’intérêt graduelles et l’appréciation du dollar canadien ralentiront la progression de la valeur des terres agricoles, qui représentent maintenant presque 70 % de la valeur de l’actif agricole total, comparativement à 54 % en 1981.
« Après une période prolongée de solide croissance de l’actif agricole et de la valeur des terres agricoles, nous croyons que la valeur des terres et des bâtiments agricoles commencera à progresser à un rythme moindre en 2017 et jusqu’en 2018, explique-t-il. La valeur de l’actif agricole est étroitement liée à la dette agricole, c’est pourquoi nous prévoyons aussi que le niveau de dette agricole progressera plus lentement. »
M. Gervais souligne toutefois que chaque exploitation agricole est différente et il recommande aux producteurs de surveiller de près les prix des produits de base et leurs liquidités afin de s’assurer que leur exploitation est en mesure de faire face aux changements soudains dans le paysage économique.
Le rapport présente un aperçu du bilan du secteur agricole et met l’accent sur sa santé financière. Il examine aussi le caractère abordable des actifs par rapport au revenu agricole, en s’attardant particulièrement à la valeur des terres agricoles.
Pour participer à la discussion sur le rapport Perspectives concernant les actifs et la dette agricoles pour 2017-2018, lisez le billet de blogue de l’Économie agricole de FAC à www.fac.ca/EconomieAgricole.