Dans le débat sur l’utilisation ou non du glyphosate dans la production agricole, l’ancien ministre de l’Agriculture sous François Hollande, Stéphane Le Foll, estime que l’interdiction de cet herbicide se fait pour de mauvaises raisons. Le gouvernement actuel d’Emmanuel Macron compte voter contre le renouvellement du glyphosate par l’Union européenne si on écoute le ministre Hulot de l'Écologie. Le ministre Travert, actuel ministre de l’Agriculture en France, est plus conciliant avec le glyphosate.
L’ex-ministre Le Foll garderait le glyphosate
« L’étape de transition vers une meilleure utilisation des sols et de la photosynthèse ne peut se faire sans le glyphosate», a-t-il déclaré à La France agricole. « Interdire pour interdire, au nom du fait que le glyphosate c’est Monsanto et qu’on règle des problèmes de l’Histoire, ce n’est pas se mettre dans la position d’assurer une transition agricole », a-t-il précisé. L’ex-ministre serait donc à contre-courant de nombreux mouvements en France.
Du copié-collé sur Mosanto ?
L’ex-ministre se positionne ainsi à contre-courant d’une pensée, généralisée en France contre le glyphosate, alimentée par des médias qui auraient découvert que l’Union européenne a copié son étude sur l’étude de Monsanto.
Un vote qui fait jaser !
L'autorisation du glyphosate doit être votée en octobre 2017 pour une prolongation de 10 ans par les pays membres de l'Union européenne. On sait que selon une récente étude de L’IARC (Agence internationale pour la recherche sur la cancer), cette molécule, principal agent actif des herbicides, est présente dans de nombreux aliments et serait "cancérogène probable". Une enquête d’investigation journalistique de RMC et BFMTV prétend que le rapport de l'Union européenne soutenant la non-dangerosité du glyphosate est un copié-collé d'une étude de Monsanto, géant de l'agrochimie selon ce que rappelle le site de TV5 monde.
En juillet 2017, comme le rappeler récemment dans notre publication le professeur Gilles-Éric Seralini, la Commission européenne indiquait qu'elle est toujours favorable à un renouvellement de l'autorisation du glyphosate et souhaite que les membres de l'Union européenne votent celui-ci les 5 et 6 octobre prochains.
Mosanto a ses défenseurs
L'herbicide le plus vendu au monde est le RoundUp, produit phare de la firme Monsanto, dont la seule vente représente 30% de son chiffre d'affaire. Les grands syndicats de l'agro-industrie soutiennent la firme productrice du RoundUp, tout comme les pesticides issus de l'agro-chimie en général et Monsanto assure que son herbicide n'affecte pas la santé humaine.
Quel danger pour la santé de l’homme?
Les taux de glyphosate trouvés dans les aliments testés par Génération Future ( association de défense de l’environnement créée par le ministère de l’Écologie en France ) sont en dessous des seuils tolérés par l'Europe, ce qui pourrait laisser penser que leur ingestion est sans conséquence sur la santé: «On estime qu’environ 1/3 du glyphosate ingéré est absorbé par le corps, le reste demeurant dans le tractus gastro intestinal. 99% du glyphosate absorbé est ensuite rejeté dans les urines», indique Générations futures dans son enquête.
Et ailleurs dans le monde ?
L'État de Californie a reconnu en mars dernier le glyphosate comme cancérogène. Monsanto a décidé de porter plainte contre la Californie.
Le gouvernement Macron, quant à lui, serait contre le renouvellement du glyphosate par l’Union européenne.La France, par la voix de Nicolas Hulot, ministre de l'Écologie soutenu par le premier ministre Edouard Philippe, a annoncé fin août que la France voterait contre la proposition de renouvellement du glyphosate à la Commission européenne. Mais il n'est pas certain que le ministre actuel de l'Agriculture soit sur la même longueur d'onde !
Le ministre actuel de l’agriculture veut du temps pour les agriculteurs
Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture actuellement en France, en marge d’un déplacement en région le 7 septembre dernier, a demandé du temps avant d’interdire le glyphosate. Selon ses propos recueillis par France 3 Bretagne, il estime que « Nous avons besoin de gérer les choses dans le temps, il faut de la temporalité. J’ai toujours dit que sur ces questions, là où nous avons des impasses techniques, il faut pouvoir réfléchir à comment on trouve des produits de substitution (…) Il faut trouver des moyens pour que la recherche et l’innovation puissent trouver des produits de substitution».
Photo à la Une: Stéphane Travert, ministre français de l'Agriculture et Nicolas Hulot, ministre français de l'Écologie
Ci-dessous: Stéphane Le Foll, ancien ministre de l'agriculture en France dans le gouvernement Hollande