La Vie agricole présente ce matin au salon rouge au parlement du Québec pour assister à la nomination du nouveau gouvernement du Québec a pu constater que si le premier ministre Philippe Couillard bat les cartes et fait preuve d’audace dans plusieurs domaines en donnant des charges à plus de jeunes et plus de femmes, ce n’est absolument pas le cas en agriculture. Il semble que le message soit clair : on ne brasse rien en agriculture jusqu’aux prochaines élections. Cette orientation peut paraître étrange pour un secteur que ce gouvernement libéral présente depuis des années comme un moteur économique. Plusieurs pensent dans le monde agricole que le gouvernement craint clairement de contrarier l’UPA, le seul syndicat officiel représentant les producteurs.
Jacques Cartier président du Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA) a déclaré cet après-midi à La Vie agricole qu’il félicite Laurent Lessard pour sa nomination et souhaite profiter de son expérience acquise au cours des années, car dit-il, Laurent Lessard «connaît la diversité des opinions du monde agricole, nous espérons donc être de plus en plus présent et se voir considérer pour les diverses interventions futures du MAPAQ. Il ne peut y avoir une seule vision et un seul porte-parole des agriculteurs du Québec.»
« Le ministère retourne à Longueuil»
Il a toutefois ajouté, alors que la nouvelle politique alimentaire sera dévoilée le 17 novembre prochain : « On est dans un entre-deux jusqu’à la prochaine élection. Pour ma part, je n’ai pas été consulté depuis mai dernier.»
L’ancien producteur de canards Roger Daoust a déclaré à La Vie agricole suite au maintien en poste de Laurent Lessard comme ministre de l’Agriculture: « C’est une triste journée pour la démocratie en agriculture. Le ministère retourne à Longueuil. Groleau doit jubiler avec sa gang à l’UPA.»
Lorsque nous lui avons demandé ce qu’il aurait pensé de la nomination de Stéphane Billette qui a été parmi les discussions internes au cours des derniers jours, il nous a lancé : « Billette c’est pas un gars de décision. Et l’agriculture, ça ne l’intéresse pas. Il ne veut pas avoir à gérer le problème de l’UPA. Il y a trop d’amis!»
La fin du CEA ?
Roger Daoust a tiré un portrait bien négatif de l’opposition au monopole et a même évoqué à La Vie agricole la fin du Conseil des entrepreneurs agricoles(CEA), organisation dans laquelle, dit-il, « les membres commencent à se lasser d’attendre après des changements qui ne viennent pas».
Jacques Cartier, président du CEA, s’il reconnaît que rien n’est réglé, tient à rassurer sur la continuité de son mouvement: «Mais non rien n’est réglé, mais le CEA comme l’Union paysanne doivent continuer d’exister. Le CEA a plus que jamais sa raison d’être pour une multitude d’agriculteurs tout comme l’Union Paysanne a aussi sa place pour représenter une autre façon de voir l’agriculture. Il serait grand temps que les divers partis politiques le reconnaissent et modifient les diverses lois du monde agricole au Québec à cet effet.», dit-il.
Bégin et Girouard espère voir renaître le rapport Pronovost
Simon Bégin, porte-parole de l’Institut Jean-Garon s’est dit heureux de voir Laurent Lessard occuper le poste à temps plein à l’agriculture comme l’Institut Jean-Garon l’avait souhaité dès sa nomination dans le précédent gouvernement, mais dit douter que Laurent Lessard puisse régler les principaux dossiers liés au monopole syndical et à la gestion de l’offre d’ici la prochaine élection (voir la vidéo)
Benoit Girouard, président de l’Union paysanne a rappelé : « L’agriculture avait besoin d’un ministre à temps plein et Laurent Lessard pourra s’y consacrer. Espérons maintenant qu’il sera en mesure de compléter les réformes proposées dans le rapport Pronovost.»
Bonnardel critique le statu quo
Pour François Bonnardel, député de Granby et leader parlementaire de la Coalition avenir Québec (CAQ) : « Avec 17 ministres issus de l’ère Charest, ce remaniement n’efface pas 15 ans et plus ça change, plus c’est pareil au gouvernement libéral. Le remaniement d’aujourd’hui consacre le statu quo au gouvernement libéral.»