Bisbille dans les grains, la réponse de Jean Goulet du CRCQ

Jean-François Briand, président de la compagnie Phoenix inc a contacté La Vie agricole pour dénoncer selon ce qu’il nous a déclaré être à ses yeux une collusion entre L’ACIA ( L’agence canadienne de l’inspection des aliments), le CRCQ ( (Comité de Recommandation des Céréales du Québec) et des compagnies de semences. Jean-François Briand nous a fourni une série de lettres envoyées à plusieurs ministres et autres personnalités en autorité. Mais peu de personnes semblent faire écho à ses plaintes si ce n’est que par des réponses polies selon le dossier consulté par La Vie agricole. Jean Goulet du CRCQ répond aux questions de La Vie agricole.

Une tonne de lettres envoyés par Jean-François Briand

Jean-François Briand a correspondu depuis 2014 avec Gerry Ritz alors ministre de l’Agriculture, puis avec le nouveau ministre de l’Agriculture du Canada Lawrence MacAulay avec Laurent Lessard comme député puis ministre de l’Agriculture du Québec. Il a entretenu des échanges avec le ministère de la justice. Au cours des dernières années. Il a aussi reçu des réponses du cabinet du Premier ministre du temps de Stephen Harper comme du temps de Justin Trudeau. Il a aussi fait des demandes au gouverneur général du Canada en avril 2017  en écrivant à David Johnston. De toutes ces réponses aucune organisation ne semble identifier un problème quelconque.

Dans la réponse de juin 2014, le ministre Gerry Ritz écrit à Jean-François Briand  en parlant des comités de type CRCQ : « Ces comités de recommandation sont composés de spécialistes des cultures et d’intervenants du secteur des cultures qui siègent aux comités à titre bénévole; ils ne reçoivent aucune subvention du gouverrmenet fédéral».

Jean Goulet répond !

 M. Briand conteste sur la base de cette réponse  le rôle bénévole du président de l’Atelier au Québec, Jean Goulet. M.Goulet  a répondu à nos questions.

Yannick Patelli : M.Briand a en main une lettre de Gerry Ritz qui dit : «les comités qui déterminent les protocoles d’essai afin d’évaluer la valeur de la culture et de formuler des recommandations quant à l’enregistrement auprès du Bureau d’enregistrement des variétés (BEV) de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) sont composés de spécialistes des cultures et d’intervenants du secteur des cultures qui siègent aux comités à titre de bénévole» et M.Briand nous dit que vous êtes rémunéré autour de 25 000 $ pour  participer au CRCQ. Est-ce le cas et comment cela se justifie-t-il ?

Jean Goulet : « Lorsque je suis autour de la table et que j’agis à titre de Président, je le fais de façon bénévole.  (…) La préparation des rencontres, les échanges avec les autorités de l’ACIA et tous ce qui entoure les correspondances se font à titre bénévole le soir par courriel. En plus comme président, je ne peux voter à moins d’égalité sur les propositions des membres.

Pour ce qui est de la rémunération que M. Briand parle, je coordonne les essais de blés de printemps pour le réseau CRCQ.  Je suis responsable des inscriptions des lignées qui seront testés en vue de l’enregistrement, je reçois les semences des différents parrains, je la prépare et la redistribue aux différents sites d’essai (agronomiques et pathologiques), je prépare les plans de champs, je visite les sites pendant la saison de croissance, je récupère les grains de la récolte de certaines lignées afin de les acheminés au laboratoire d’Ottawa pour qu’eux en face l’analyse.  Je compile les données, fais les analyses statistiques, je prépare les rapports et les distribuent aux membres en vue de la réunion de janvier de chaque année.  Je m’occupe également du suivi du budget que je présente aux membres à chaque réunion.  On prépare également les tableaux pour les publications dans la Terre de Chez nous par l’entremise de la revue Grains et sur le site web du Bulletin des agriculteurs. Et pour ce travail, oui je suis rémunéré aux nombres de parcelles traitées.  De même que M. Denis Marois, qui coordonne le blé d’automne, l’orge et l’avoine, reçoit une rémunération du même ordre.  Les coordonnateurs sont déterminés par les membres du CRCQ à chaque année.»

Yannick Patelli : Jean-François Briand, président de Semences Phoenix 2013 inc, nous dit avoir entamé les tests nécessaires sur 3 ans à partir de 2014 comme dépositaire de la marque semences européennes MOMONT pour s’implanter en Amérique du Nord. Il prétend avoir payé pour ses tests mais que ses grains envoyés au CRCQ auraient disparu et il prétend une certaine complicité entre le CRCQ et l’ACIA pour l’empêcher de développer en Amérique du Nord. Quelle est votre réaction à cela et quelle est votre perception de la situation ?

Jean Goulet : «Effectivement M. Briand nous a contacté afin de voir les étapes pour l’enregistrement de cultivars de céréales.  Au début c’était pour un blé d’automne (Figaro) et 2 orges d’automnes.  Le blé d’automne a été semé aux sites du RGCQ à l’automne 2013 et au printemps suivant le cultivar n’avait pas survécu à nos hiver (certaines variétés Européenne sont moins tolérantes à nos hivers) voir photo joint au centre Figaro. 

Pour les orges d’automnes, étant donné que nous n’avions pas de réseau d’essai bien structuré et qu’il était trop tard pour réunir les gens pour planifier un tel réseau, je lui ai offert de faire le semis sur la ferme de recherche de Semican. Je teste des orges d’automne tous les ans et à chaque fois la survie est très médiocre et ce fut le cas avec les deux orges de M. Briand.  Mais étant donné les rapports peu cordiaux, je lui ai signifié que l’hiver avait eu raison des deux variétés.  Qu’il n’y aurait pas de rapport ni de facture de ma part.

Pour ce qui est de la complicité, il voit de la conspiration partout.  Pourquoi on empêcherait le progrès et l’innovation.  Notre but est de faire avancer l’Agriculture avec de nouveaux cultivars plus performants ou des cultivars avec des caractéristiques plus particulières.

Fait à noter, M. Briand avait mis des cultivars de céréales à l’essai en 2014 et à la fin de la première année de teste, elles rencontraient les spécifications. Il a arrêté de lui-même l’évaluation, donc il n’a pas complété les exigences pour l’enregistrement et par la suite il nous reproche que le protocole fait défaut. 

Yannick Patelli – M.Briand a fait des démarches auprès de la majorité des politiciens québécois et canadiens ( Ritz, Harper, MacAulay, Trudeau etc). Il a écrit à Laurent Lessard, à l’époque en 2013 son député, puis lui a à nouveau écrit à ce sujet en 2017 déplorant le délai pour l’accréditation qui «serait trop long et dénigrant les conditions dans lesquelles sont faites les semis, les tests et les récoltes». Quelle est votre réaction à un tel acharnement auprès des autorités pour se faire entendre ?

Jean Goulet – Je n’ai pas de réaction à cela, je ne contrôle pas ce que pense ni ce que fait M. Briand, il fait valoir son point de vue à qui veut l’entendre.  Reste à voir les réponses et l’attention qu’il obtient.  Pour ce qui est du protocole d’évaluation, il est entériné chaque année par l’ACIA et j’assiste à d’autres réunions du même genre dans d’autres provinces et je peux vous confirmer que tous les Comités au Canada fonctionne de la même façon.

Yannick Patelli –  Le point le plus surprenant: M.Briand va jusqu’à prétendre que les Américains accusent actuellement, dans le cadre des négociations sur l’ALENA, le Canada de ne pas respecter ses propres règlements en terme d’enregistrement des semences et qu’ils menacent d’empêcher l’entrée aux États-Unis des animaux nourris aux grains (porc, bœuf etc) en provenance du Canada. Comment interprétez-vous cette déclaration et avez-vous eu écho de quelque information que ce soit en lien avec l’exportation de viandes vers les États-unis qui serait remise en cause ?

Jean Goulet – Dans les propos de M. Briand, Je ne vois que de la fabulation.   Le BEV veille à ce que tous les comités soient sur la même page et que nous soyons transparents.   C’est ce que je fais en prenant le temps d’écrire ces quelques lignes.  Vous suivez l’actualité autant que moi et voyez-vous un tel lien!

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