Des producteurs laitiers égarés dans la structure administrative

Les producteurs laitiers Louis-Gérard Paradis et Jean-François Paradis respectivement père et fils à la ferme Paradis dans le village de Kamouraska sont exaspérés de leur MRC, du MAPAQ et de l’UPA dans lequel ils disent avoir perdu confiance.

Ils ont contacté La Vie agricole dans les derniers jours pour faire état d’une situation ubuesque. Alors qu’ils sont producteurs de génération en génération à Kamouraska, sur l’un de leurs cinq comptes de taxes, on les déclare non-exploitants agricoles. Nous sommes allés les rencontrer avec notre caméra LVATV.

Ils prétendent de plus être plus d’une vingtaine dans cette situation dans Kamouraska. Ils disent avoir contacté leur municipalité, leur MRC et le MAPAQ et que tout le monde se renvoie la balle ne donnant aucune explication.

L’imbroglio autour des Paradis

Louis Gérard Paradis précise : « Habituellement, le MAPAQ envoie à la municipalité la partie remboursée et la municipalité fait un crédit de taxes. J’essaye de comprendre : sur cinq documents liés aux taxes, le principal où il y a la maison familiale et l’étable de 80 têtes dont 40 vaches laitières, on ne nous reconnaît plus comme producteurs. Et pourtant je suis producteur depuis 1964 et même avant du temps de mes parents».

Le compte de taxe des Paradis s’élève à 4487, 71 $ et ils devraient recevoir 70 % de cette somme en crédit de taxes. Ce que déplorent les Paradis c’est de devoir payer des intérêts de 12 % si jamais ils ne payent pas leur facture à temps.

Pour la MRC du Kamouraska, c’est de la responsabilité du MAPAQ

À la municipalité de Kamouraska, l’adjointe administrative, Valérie Dumont, nous a référé à la MRC pour ce genre de dossier. À la MRC de Kamouraska, Lyne St-Pierre et Sylvie Émond bien que refusant de parler devant notre caméra ont collaboré pour essayer de trouver une réponse à cet imbroglio. Elles ont reconnu avoir parlé avec Louis-Gérard Paradis ces derniers temps, mais ne s’expliquent pas la situation décrite par celui-ci pour autant. « La MRC ne détermine pas qui est producteur ou pas», a déclaré Mme Émond. « C’est de la responsabilité du MAPAQ. On gouverne en conséquence des décisions du MAPAQ. La MRC ne détermine pas qui est agriculteur ou pas. La seule chose que je peux voir c’est qu’il y aurait peut-être eu une confusion lors de la modernisation de la matrice graphique dans la MRC, mais pour nous le 94, rang des Côtes, est reconnu comme producteur alors là, je ne comprends pas».

Par ailleurs Sylvie Émond et Lyne St-Pierre s’étonnent de la vingtaine de producteurs qui seraient dans la même situation. Elles disent n’avoir eu connaissance d’aucun autre cas que celui de la famille Paradis. À la MRC du Kamouraska on nous assure donc avoir fait le nécessaire.

Un même matricule et deux situations différentes à la MRC et au MAPAQ

Au MAPAQ, on leur dit : «Fournissez votre bilan phosphore et votre PAF et ensuite dans quelques mois on vous remboursera» selon Louis-Gérard Paradis. Mais il reste toutefois très incompréhensible que le document reçu du MAPAQ avec le matricule 14050 5467-79-2172 déclare les Paradis comme non exploitants agricoles alors que le même matricule est reconnu comme producteur selon ce que nous ont déclaré Sylvie Émond et Lyne St-Pierre de la MRC du Kamouraska.

Juste de la paperasse

Louis-Gérard Paradis est exaspéré par autant de paperasse pour les producteurs : «L’agriculture c’est de la paperasse aujourd’hui, dix fois plus que lorsque j’ai commencé», nous a-t-il confié.

Jean-François Paradis prend cela avec humour et se demande si finalement ses vaches ne sont pas devenues seulement des animaux de compagnie.

Perte de confiance dans leur syndicat

Attablés à la table de leur cuisine, Louis Gérard Paradis et Jean-François Paradis nous ont fait état de leur perte de confiance dans leur syndicat lorsque nous leur avons demandé ce que pensait l’UPA de leur situation. « On ne les a même pas appelés. On ne croit pas à leur action», ont-ils fait savoir faisant référence à leur cotisation, à leur versement à la fédération du lait, aux salaires de la structure syndicale et aux voyages du président de l’UPA, Marcel Groleau. Ils trouvent excessifs tous ces frais au regard du support que le syndicat leur donne en général et ne trouve plus nécessaire de l’informer des problématiques rencontrées. «Je trouve que Jacques Cartier, l’ancien président d’Agropur, fait une bonne job avec son mouvement pour contrer le monopole», a fait savoir M.Paradis père lors du passage de La Vie agricole et LVATV sur sa ferme.

La Vie agricole a écrit à Mathieu Gaudreault, attaché de presse au cabinet du ministre Lessard, pour entendre la version du MAPAQ, nous apprenions qu’il a été remplacé par Christine Harvey. Au moment de mettre sous presse celle-ci nous écrivait  une réponse on ne peut plus technique: «Je tiens à mentionner que nous ne commenterons pas un cas spécifique. Les critères qui font en sorte qu’un agriculteur peut percevoir un crédit de taxes foncières sont ensachés dans la loi. De ce fait, l’entreprise agricole doit satisfaire aux critères suivants :

–          Être enregistrée

–          Avoir dégagé un revenu agricole d’au moins 5000$

–          Produire au moins 5$ de revenu agricole par 100$ d’évaluation foncière

–          Avoir un bilan phosphore équilibré (écoconditionnalité)

–          Être situé en zone agricole

–          Avoir cotisé à l’Union des producteurs agricoles du Québec

Si un producteur répond à l’ensemble de ces critères, une demande de révision du dossier peut être adressée via la direction régionale au sous-ministériat au développement régional et au développement durable».

Voir les vidéos sous peu sur www.lvatv.ca

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