LVATV.CA publiait ce matin une vidéo montrant un haut dirigeant de l'UPA dénigrer vertement l'agriculture artisanale dont plusieurs d'entre nous nous réclamons. «Là, "Le temps d'une paix", c’est drôle à t.v. mais on veut pas retourner là.» Il s'agit des paroles de Paul Doyon, 2e vice-président de l'UPA, qui, à l'occasion de la dernière assemblée générale annuelle de la Fédération des éleveurs de porc du Québec (qui avait lieu le 31 mai dernier au Château Laurier à Québec), a cru opportun de se vider le coeur en qualifiant à peu près de ti-counes celles et ceux qui voient l'agriculture autrement, en élevant leurs animaux, selon lui, «…n’importe où, dans n’importe quelles conditions».
Selon monsieur Doyon ce serait devenu «Cute pis à la mode de faire un peu n'importe quoi», faisant évidemment référence à l'agriculture de proximité (novatrice, intégrée à la communauté, respectueuse des animaux, de l'environnement et de ses clients, etc…) qui se développe à vitesse grand V depuis plusieurs années maintenant, comme en témoigne d'ailleurs le dernier film de Marc Séguin «La ferme et son État».
De toute évidence, monsieur Doyon tente de plaire à un auditoire partisan d'une agriculture conventionnelle, industrielle et complètement refermée sur elle-même en médisant, sans grande éloquence, de tout ce qui n'est pas agriculture «façon UPA». Dans la catégorie manifeste xénophobe, on ne pourrait faire mieux.
Décidément, il faut être complètement aveuglé par le pouvoir pour ne pas admettre que c'est tout une tranche de la population québécoise qui a envie de goûter à autre chose que l'agriculture anonyme, productiviste, syndicaliste et contingentante que nous offre l'UPA depuis un siècle.
Si donc monsieur Doyon dit bien haut ce que pensent tout bas plusieurs membres de l'UPA, il faut louanger sa franchise, être convaincus qu'il parle pour une large part de ses membres et lire très attentivement ce qui suit:
« Un autre affaire qui me préoccupe beaucoup c’est la ligne là entre les animaux de compagnie, les animaux d’élevage, les élevages de loisir pis les élevages commerciaux là, ça commence à être p'us clair clair là.
Là y’a de toute, à tout bout de champs on voit des demandes pour avoir des poules dans les villes, là l'autre fois à la t.v. : "ça serait don' l’fun d’élever des cochons dans l’bois", pis là c’est facile hein, j'checkais sur internet, vous pouvez acheter des porcelets là, 5 minutes pis t’en trouves.
Là tu peux installer ça n’importe où, dans n’importe quelles conditions; ces gens là sont pas des producteurs agricoles; y'a personne qui peut aller checker c’est quoi qui font pis comment qui font ça; et pis là c’est rendu cute pis la mode de faire un peu n’importe quoi…
Pis tsé avant ça y’avait ça des cochons dans l’bois… Pis on veut p'us r'tourner là là. Parce que là ces cochons-là là, c’est porcs-là, y vont se ramasser dans le congélateur de quelqu’un. Pis là on souhaite pas qui ait des parasites pis toutes sortes de patentes de même là.
Là, « Le temps d'une paix », c’est drôle à t.v. mais on veut pas retourner là.
Pis ça ça m’amène à… j'ai sonné des cloches au Mapaq l’autre semaine en disant, "là si… met qui arrive quelque chose là vous allez être responsables parce là regardez là là c’est rendu cute de faire ça". Pis dans politique bioalimentaire y’a une coupe de lignes qui favorisent ça: "on va faire des affaires de proximité, pis à l’extérieur des systèmes, pis ça serait ben l'fun" mais y’a quand même des règles que la société s’est données, au niveau de la qualité des aliments et pis y faudra réfléchir à ça avant de donner des permissions à tout chacun. » – Paul Doyon
Faut le voir (et l'entendre) pour le croire: https://lvatv.ca/…/on-veut-plus-de-cochons-dans-le-bois-le…/
Dominic Lamontagne