L’on n’a jamais autant entendu parler de la gestion de l’offre. Pour «Monsieur et Madame Tout le Monde», elle est maintenant identifiée à la production agricole, surtout à la production laitière. Cette soudaine visibilité laisse à penser pour plusieurs que ce système est unique au monde, surtout depuis l’abandon d’un tel système en Europe et en Australie. Plusieurs détracteurs de ce système pensent que c’est un système d’une autre époque. Pourtant, on est entouré, au Canada et ailleurs, de systèmes qui gèrent l’offre dans bien des domaines notamment celui des services. Certains sont souvent fermement implantés et invisibles, d’autres sont bien connus et font l’objet de bien des débats.
En dehors de l’agriculture au Québec, le système de gestion de l’offre possiblement le plus connu est celui de l’industrie du Taxi, avec ses permis. Plusieurs autres secteurs utilisent des systèmes de gestion de l’offre ou Quotas. Pour des raisons de protection des ressources, l’industrie du bois et des pêches utilise un système de Quotas.
Dans le secteur des services, afin d’assurer une bonne couverture en qualité et en quantité, plusieurs métiers ou professions utilisent des contingents à la formation : c’est le cas pour plusieurs corps de métier dans la construction ainsi qu’en médecine. Ces contingents sont renforcés par l’émission de permis de pratique ou cartes de compétence et des contraintes pour les travailleurs venant de l’extérieur. Certains diront que ces contingents profitent plus à ces professions qu’à la société.
Les États-Unis utilisent aussi le système de la gestion de l’offre pour certains de leurs produits : le sucre est un bon exemple. Le US SUGAR POLICY est un système de gestion de l’offre qui contrôle la production locale, impose des quotas d’importation et fixe des prix d’achat et de vente aux États-Unis.
Il est intéressant de voir les arguments de l’American Sugar Alliance (ASA) contre l’ouverture des marchés et l’abandon de la gestion de l’offre dans le sucre : ils ne sont pas très différents des arguments des producteurs laitiers canadiens.
Le système permet d’avoir une production locale sans subvention à des prix abordables. Pour eux, l’ouverture des frontières est l’ouverture à une compétition injuste de produits subventionnés étrangers. Elle permettrait aux multinationales de l’agroalimentaire d’avoir accès à de la matière première à bon marché afin de faire gonfler leur profit au détriment des 142,000 emplois liés à l’industrie du sucre américain et fragiliserait la sécurité alimentaire américaine. On peut voir une vidéo intéressante qui présente leur argumentaire sur le site http://sugaralliance.org .
Autre exemple de système de gestion de l’offre, le système de contingent dans la production de rhum dans les Antilles française. La gestion de l’offre protège cette industrie des Antilles en lui garantissant un marché privilégié au marché du rhum français.
Il y a des milliers d’exemples de systèmes de gestion de l’offre à travers le monde. Le Canada n'a pas à avoir honte de son système de gestion de l'offre en agriculture, il protège nos industries et notre sécurité alimentaire. Ce modèle n'est pas unique, loin de là !