Lors d’une conversation téléphonique avec l’éditeur de La Vie agricole, Jacques Cartier, président du Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA), a évoqué les possibilités pour ce qui est de la nomination très prochaine du futur ministre de l’Agriculture par le nouveau premier ministre du Québec, François Legault. Le nom d’André Bachand sort du lot.
Il croit que Sylvie D’Amours a peut-être une mince chance en raison de la parité qui sera recherchée par M. Legault. Toutefois depuis les années 60, dit-il, «on n’ a jamais vu un agriculteur à la tête du MAPAQ». Ce qui déclasserait donc aussi Éric Girard, producteur laitier au Lac-Saint-Jean et vice-président de son UPA régional.
Selon Jacques Cartier, il se pourrait bien que le futur ministre de l’Agriculture soit André Bachand, lui qui fut député du parti conservateur du Canada de 1997 à 2003 dans Richmond-Arthabaska. Tout récemment élu dans cette région sous la bannière de la CAQ, il a été maire d’Asbestos de 1986 à 1997 et a une bonne connaissance de la joute parlementaire tout en ayant une bonne connaissance du monde des affaires.
André Bachand est une figure plutôt connue sur la scène politique. En 2009, le premier ministre du Canada Stephen Harper l'a nommé ambassadeur canadien à l'UNESCO, avant de le rappeler au pays pour l'inclure dans sa garde rapprochée en septembre 2011.
Et les femmes : Sylvie D’Amours, Marie-Ève Proulx, Chantal Soucy ?
Pour La Vie agricole qui avait déjà titré la possibilité que Sylvie D’Amours soit ministre de l’Agriculture dans un gouvernement Legault, nous nous devons aussi d’ajouter dans notre combinaison gagnante, en lien avec le facteur parité et jeunesse, Marie-Ève Proulx, qui par le passé a été mairesse sur la Côte-du-Sud. Elle est une femme très impliquée dans le développement rural. Si elle est peu connaissante certes dans le domaine agricole, elle a des aptitudes d’adaptation reconnues dans sa région.
Marie-Ève Proulx a aussi été vice-présidente du Groupe Femmes, politique et démocratie de 2014 à 2016 et a siégé au Conseil permanent de la Jeunesse. Elle a ainsi participé activement à la mise en place des Forums jeunesse régionaux du Québec. Elle était l’une des 15 jeunes qui avaient alors ralliés Legault déjà à l’époque sur ce thème de la place des jeunes en région.
Chantal Soucy, députée de Saint-Hyacinthe, détient une circonscription on ne peut plus agricole. Elle vient d’une famille agricole et est détentrice d’une maîtrise en administration publique à l’École nationale d’administration publique (ENAP). Elle avait déjà été choisie au cours de l’année pour représenter la CAQ devant une activité du Conseil des entrepreneurs agricoles(CEA). Certes le résultat avait été plus ou moins concluant tant elle s’était fait «brassée» par la salle, mais elle avait tenté de rappeler que la Coalition Avenir Québec n’était pas complètement bornée sur le monopole syndical en agriculture comme François Legault s’est plu à le rappeler tout au long de l’année. Ce soir-là de mars 2018, elle disait que la CAQ ce n’était pas « le monopole à tout prix» !
Le seul disqualifié d’office : Youri Chassin
Un seul candidat ne peut hériter du MAPAQ au sein des élus de la CAQ : Youri Chassin. Connu depuis des années comme fidèle aux idées de L’Institut économique de Montréal (IEDM), il ne cadrerait évidemment pas du tout avec le discours politique actuel en faveur de la défense de la gestion de l’offre, même si l’on sait que depuis dimanche dernier, celle-ci est pas mal démantelée par les politiciens qui la défendaient encore hier!
Pour vous rappeler le fond de la pensée de Youri Chassin, voici un extrait d’un blogue coécrit par celui-ci avec Mario Dumais en 2015 :
«Le gouvernement fédéral (…) au lieu de simplement procéder à quelques changements cosmétiques pour contenter ses partenaires commerciaux, devrait saisir cette opportunité pour mettre un terme définitif aux politiques anachroniques de gestion de l’offre. (…) Les bénéficiaires de ces politiques (…) sont les 13 500 producteurs canadiens de lait, de volaille et d’œufs, qui représentent le huitième de toutes les fermes au pays. La gestion de l’offre nuit toutefois aux 35 millions de consommateurs canadiens en les forçant à payer systématiquement plus pour ces produits, ainsi que pour d’autres qui les utilisent comme ingrédients. (…) Le système de gestion de l’offre nuit aux transformateurs qui doivent payer davantage pour le lait qu’ils utilisent pour produire des denrées comme le beurre et le fromage.(…)Le gouvernement fédéral pourrait s’inspirer de l’Australie, qui a éliminé avec succès le système de gestion de l’offre dans son industrie laitière il y a quinze ans. Pour aider les producteurs laitiers à s’ajuster, le gouvernement a racheté leurs quotas de production, une mesure financée par une taxe temporaire de 11 cents sur le prix de détail de chaque litre de lait entre 2000 et 2009. (…) Contrairement à ce que certains auraient pu craindre, l’industrie laitière australienne ne s’est pas effondrée après cette déréglementation».
Le message est ainsi le contraire de ce que véhiculent actuellement tous les politiciens des deux paliers de gouvernement sauf Maxime Bernier et Brian Mulroney.
Youri Chassin avec les propos de cette époque avait au moins le mérite de dire clairement ce que les autres pourfendent mais font quand même en cachette. Toutefois il fait maintenant partie de ceux qui s’expriment en faveur de la gestion de l’offre en espérant on imagine que ses idées de 2015 se réalisent en cachette!
Ce ne sont pas seulement ses positions antérieures donc qui le disqualifient pour accéder au MAPAQ, mais aussi son revirement de dernière minute pour accéder à un poste au sein de la CAQ. Youri Chassin ne pourrait jamais avoir la confiance des producteurs laitiers.