Guide alimentaire: Santé Canada a omis plusieurs facteurs importants

Une nouvelle mouture du Guide alimentaire canadien vient à peine de paraître qu’il suscite tout un débat. Il soulève un tollé de la part des producteurs canadiens et québécois notamment les producteurs laitiers alors que d’autres groupes comme les végétariens et les producteurs en serre crient victoire.

Le guide version 2019 abolit les quatre groupes alimentaires alors qu’ils étaient si importants pour la santé en 2007. Onze ans plus tard, on les remplace en suggérant de manger des légumes et des fruits en abondance, des aliments à grains entiers et des aliments protéinés. Santé Canada privilégie une nouvelle voie celle de choisir plus souvent les aliments protéinés d’origine végétale au détriment de la viande.

Mon expérience politique me laisse perplexe devant les nouveautés proposées et me fait penser au rôle grandissant du lobbyisme auprès des décideurs politiques et administratifs pour les infléchir dans leurs choix. Ce n’est pas la première fois et, sûrement pas, ni la dernière que le guide alimentaire canadien subira l’influence de groupe de pression. Ce jugement à l’encontre du guide alimentaire canadien, je l’ai tiré des leçons de sa courte histoire. Au moment de la première publication en 1942, on dénombrait six groupes alimentaires : le lait, les fruits, les légumes, les céréales et le pain, la viande et le poisson ainsi que les œufs. À ce moment-là, on insiste sur les portions à consommer car n’oublions pas la guerre battait son plein.

En 1982, il n’en reste plus que quatre et, aujourd’hui en 2019, il n’en reste plus du tout. À mon avis, le guide alimentaire canadien doit essentiellement aider la population canadienne à manger plus sainement. Et pour ce faire, le guide devrait être fondé beaucoup plus sur des études scientifiques et sur la médecine, et non sur des intérêts commerciaux ou politiques.

En effet, l’expérience nous démontre qu’il est judicieux de se tenir loin des modes du temps. Souvenez-vous du temps où on nous a éloigné de la consommation du beurre pour la margarine jusqu’au jour où on a découvert que la production de cette dernière était aussi néfaste que le gras animal.

Il me semble que l’exercice de Santé Canada a omis plusieurs facteurs importants pour ses recommandations. Par exemple, de nos jours, beaucoup d’aliments céréaliers sont génétiquement modifiés sans que le consommateur en soit informé ou encore conscient. À ce propos, je voudrais vous dire que la science ne connaît pas tous les effets de ces transformations génétiques sur la santé humaine.

De plus, que dire de tous ces légumes produits dans des pays où les normes d’utilisation de pesticide ou d’engrais chimiques sont inférieures aux nôtres! J’allais oublier un élément très important. La notion de développement durable est complètement absente du débat, car en invitant la population canadienne à consommer plus de produits provenant d’ailleurs, Santé Canada participe à l’augmentation de gaz à effet de serre, et ce, aux dépens des efforts en la matière des gouvernements canadiens et québécois.

Force est de reconnaître le bien-fondé de manger plus de légumes, de céréales ou des noix et de consommer moins de viande. À cet effet, je fais mienne l’opinion du Dr David Jenkins, chercheur en sciences de la nutrition à l’Université de Toronto, qu’il faut s’assurer de substituer correctement les éléments nutritionnels habituellement fournis par la viande, notamment pour les personnes désireuses d’éliminer complètement les protéines animales de leur consommation. Le chercheur torontois note également que les aliments créés dans le but d’imiter l’original (comme par exemple le lait de soja au lieu du lait de vache) sont normalement enrichis pour offrir les mêmes éléments nutritionnels que ce qu’ils imitent. Selon le chercheur, l’information en la matière est vitale pour la santé du consommateur.

De telles notions ou informations sur la valeur nutritive échappent au commun des mortels. Et ce rôle, quant à moi, il appartient à Santé Canada dont le travail ne fait que commencer. Dans les mois et les années à venir, l’organisme fédéral doit prendre son bâton du pèlerin et promouvoir l’équilibre diététique et nutritionnel. Au plan de la sécurité alimentaire, c’est cet organisme qui a la mission et le mandat d’informer le grand public sur les valeurs nutritives de ces aliments modifiés.

Santé Canada et son responsable politique, la ministre Ginette Petitpas Taylor, ne peuvent se dérober à jouer ce rôle si important auprès des Québécois et des Canadiens. Leur santé et leur bien-être sont entre leurs mains!

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