Malgré un départ houleux et chancelant, pour ne pas dire chaotique, je salue le courage du ministre Lamontagne qui a accepté l’invitation de participer, en février dernier, au congrès de l’Union paysanne. C’était la première fois qu’un ministre québécois de l’Agriculture accepte et participe à un congrès autre que celui de l’UPA. Croyez-moi, il lui en a fallu du courage et de la détermination pour accepter cette invitation de la part d’une association décriée maintes fois par l’UPA.
Par la même occasion, je salue le soutien et l’appui que lui octroie le premier ministre Legault. Sans cet appui du premier ministre, le ministre Lamontagne n’aurait pu se présenter à ce congrès, y tenir de tels propos et se présenter comme annonciateur de changement. J’y perçois comme un changement profond tant sur le fond que sur la forme.
À mon avis, il faut retenir de son intervention publique au congrès de l’Union paysanne son allusion au rapport Pronovost que le gouvernement libéral a mis sur les tablettes et oublier rapidement sa courte allusion aux ayatollahs. Lors de son allocution, il a dit sans sourciller que «le rapport Pronovost est son étoile du Nord». De quoi expliquer l’agitation non seulement des fonctionnaires de l’Environnement mais également des siens dont la proximité avec le syndicat unique est décriée depuis tant d’années.
Dans son allocution, il a partagé avec l’auditoire une discussion qu’il a eue avec le président de l’UPA. Il a rappelé à son président que «le monopole de syndicat unique octroyé en 1972 par l’État vient avec des responsabilités et, notamment de répondre à tous les courants de pensée, dont celui de l’Union paysanne».
De tels propos me ravissent et m’indiquent que l’intervention du ministre a fait mouche, ce que plusieurs anciens ministres de l’Agriculture lui envient sûrement. Enfin, depuis belle lurette, nous avons un ministre de l’Agriculture qui semble vouloir prendre les problèmes de front et engager un véritable débat entre les différents courants en agriculture. Tant qu’à moi, ce débat aurait dû se faire bien avant, notamment au moment du dépôt du rapport Pronovost. Mais comme le dit si bien la sagesse populaire, mieux vaut tard que jamais.
Malgré le fait que les médias n’aient retenu uniquement que ses propos sur les ayatollahs au ministère de l’Environnement, il n’en demeure pas moins que, depuis sa déclaration et sa présence à ce congrès de l’Union paysanne, la stratégie publique de l’UPA semble ébranler ou du moins, semble vouloir changer.
À preuve, je prends la dernière sortie de son président quant à l’utilisation des pesticides et de la nécessité pour le gouvernement de lancer un vaste programme de 60 millions $ pour financer la recherche sur les produits de rechange, de soutenir l'agriculture biologique et de compenser les producteurs qui adoptent des pratiques vertes.
Bien que le printemps ne soit pas encore à nos portes et que les hirondelles n’arriveront que dans quelques semaines, il me semble que la position de l’UPA est en train de changer et de s’atténuer face au pluralisme agricole. Doit-on voir dans les dernières sorties de son président un changement de stratégie et de positionnement ou est-ce qu’il exprime, au nom de ses membres, une certaine ouverture et une nouvelle vision?
Comme je l’exprimais à l’automne dernier, nous avons besoin d’une UPA qui suscite, ou du moins, permette l’éclosion de nouveaux modèles de production et qui appuie, de tout son poids, les personnes ou les groupes qui les mettent de l’avant.
En politique, et croyez-moi, le moment est tout aussi important que celui qui porte le changement. Nous sommes chanceux car, actuellement, nous avons les deux en même temps. De surcroît, nous avons un premier ministre qui l’appuie!
Qu’attendons-nous, membres de l’Union paysanne et de l’UPA, pour modifier nos mentalités et se rallier derrière un ministre qui veut travailler avec les milieux agricoles et redonner à nos territoires et à nos communautés la vitalité de jadis!
Crédit-Photo: L'Écho de Maskinongé