Avec l’arrivée au pouvoir d’un parti qui se réclame de la classe moyenne, il y a peut-être de l’avenir pour la ferme familiale au Québec. Sans rentrer dans toute sorte de définitions de la ferme familiale, la ferme familiale c’est un peu la classe moyenne de l’agriculture. Une multitude d’entrepreneurs de PME agricoles qui ont bâti une agriculture florissante au cours des 40 dernières années. Cela fut possible parce que nos gouvernements ont mis à leur disposition des outils de développement adaptés à leur situation et à leur réalité. L’esprit d’entrepreneurship a fait le reste.
Cependant plusieurs de ces outils ont été détournés par la grande entreprise ou sont désuets, laissant seule à la merci du marché cette classe moyenne d’entrepreneurs agricoles.
Le cas du porc est assez éloquent sur cette dérive du soutien à la ferme familiale. Malgré les centaines de millions de dollars en soutien, les fermes familiales sont aujourd’hui intégrées dans divers réseaux. Les chèques de soutien sont la plupart du temps versés à l’intégrateur sans tenir compte des plus-values que l’intégrateur fait en amont ou en aval de la production.
Pourtant à la base ce programme se voulait un soutien à la ferme familiale, en permettant à son exploitant de se prémunir des risques de marché sur la base de l’équivalent du salaire d’un ouvrier spécialisé.
Avec les années, les divers programmes de soutien se sont superposés pour devenir ce que l’on peut appeler l’agri-compliqué. Cette complexité des programmes couplée à la non-reconnaissance des plus-values en amont et surtout en aval (abattage) de la production a forcé la ferme familiale à s’intégrer. L’effet de cette intégration est le passage d’une génération d’entrepreneur à une génération de métayers.
La prise en compte par les programmes de soutien des plus-values en amont et surtout en aval permettrait une plus juste répartition des appuis gouvernementaux. Cela aurait aussi pour effet de mieux cibler le soutien gouvernemental où il est réellement nécessaire : Ce qui appuierait d’une part cette classe moyenne d’entrepreneurs agricoles qui n’aurait plus à se jeter dans les bras de l’intégration pour survivre.
D’autre part elle permettrait aux grandes entreprises d’avoir de l’aide dans des contextes de marchés difficiles. Les programmes de soutien aux fermes familiales doivent être différents des programmes d’aides aux grosses entreprises.
N’oublions pas que c’est notre classe moyenne qui a fait la prospérité de notre société et qui continue à la faire. Il y a un sérieux doute que ce soit l’unique prospérité de grandes compagnies qui fasse la richesse de notre société.