Plusieurs intervenants incontournables sur le débat liés aux pesticides qui se tiendra à Québec du 23 au 26 septembre prochain ne seront pas de la partie. Entre autres, ni les compagnies, ni l’Union paysanne ne seront entendus !
Inculpés avant de se défendre!
Si L’Union paysanne se dit attristée de ne pas être à la commission, Luc Bourgeois, de chez Bayer a, quant à lui, signifié à La Vie agricole être «très déçu que ni Bayer, ni CropLife, ni l’Association des Marchands de Semences ne soient invités à la commission parlementaire. Nous sommes inculpés sans avoir le moyen de nous défendre. »
Déception aussi à l’autre bout du spectre!
Roméo Bouchard, cofondateur de l’Union paysanne a écrit sur sa page Facebook : « Je ne suis pas du nombre, ni l'Union paysanne, ni la CAPÉ, ni les agriculteurs, ni les personnes et les bébés affectés.»
Et Roméo Bouchard ajoute visant probablement l’Institut Jean-Garon qui explique dans son mémoire que les pesticides ''sont des médicaments à utiliser avec précaution et ordonnance'': «(…) En somme, essentiellement du monde qui ne sont pas en état de remettre en question le mode de production productiviste, basé sur les monocultures céréalières largement destinées à l'exportation en bout de ligne, justement ce modèle qui est totalement dépendant des pesticides. Pour moi, un poison n'est pas un médicament. Un poison est un poison, et un poison en petite quantité demeure quand même un poison, surtout quand on les collectionne!».
Roméo Bouchard s’est résolu à publier son mémoire sur Facebook.
Même recette pour l’Union paysanne, présidée par Maxime Laplante, qui se veut le 2e syndicat agricole non officiel : il n’a pas été retenu pour s’expliquer devant les députés.
L’Institut Jean-Garon, réaliste, pragmatique et entendu!
«Des médicaments…Dans les faits, c’est l’image qu’on devrait se faire des pesticides qui sont, à l’instar des médicaments sous ordonnances, des produits à utiliser en cas de nécessité seulement et en suivant rigoureusement les prescriptions d’usage.» ont écrit les coprésidents de l’Institut Jean-Garon, Michel Saint-Pierre et Guy Debailleul dans le mémoire qu’ils ont déposé à cette commission. L’Institut Jean-Garon fait partie des nombreuses organisations qui seront en audition devant les députés.
Une seule compagnie accède aux députés… et c’est une coopérative!
Les députés n’auront pas l’occasion d’entendre tous les discours divergents existants sur le spectre du débat lié aux questionnements sur les pesticides puisqu’hormis la Coop Fédérée aucune compagnie n’aura le droit de se faire entendre ! La Coopérative fournisseur de pesticides tout autant que Bayer ou toute autre compagnie du secteur a, elle, été retenue. Est-ce que sa constitution en coopérative est plus rassurante pour les députés ?
4 jours de commission pour y voir clair !
«La Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles examinera du 23 au 26 septembre prochain les impacts des pesticides sur la santé publique et l’environnement, ainsi que les pratiques de remplacement innovantes disponibles et à venir dans les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation, et ce en reconnaissance de la compétitivité du secteur agroalimentaire québécois», selon l’énoncé du site de l’Assemblée nationale.
De nombreuses organisations seront entendues par les députés :
Équiterre, Fondation David Suzuki, Les Apiculteurs et Apicultrices du Québec, Institut national d'agriculture biologique, Parkinson Québec, Ordre des agronomes du Québec, Institut national de santé publique du Québec, Centre de recherche sur les grains, Association des producteurs maraîchers du Québec Institut Jean-Garon, Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation de l'Université Laval – Groupe de recherche, Association professionnelle en nutrition des cultures, Producteurs de grains du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Consortium PRISME , Alliance pour l’interdiction des pesticides systémiques, Pôle d’excellence en lutte intégrée du Centre local de développement des Jardins-de-Napierville. Collectif de recherche écosanté sur les pesticides, les politiques et les alternatives, Union des producteurs agricoles.
Des individus aussi : Jocelyn Michon, producteur agricole, Denise Proulx , sociologue de l'environnement et chargée de cours à l'Institut des sciences de l'environnement à l'UQAM et journaliste à La Vie agricole, Maryse Bouchard, chercheure en santé environnementale à l'Université de Montréal, Marc-André Verner, professeur adjoint au Département de santé environnementale et santé au travail à l’Université de Montréal, Patrick Ntantu Nkinsa, doctorant au département de santé environnementale et de santé au travail, Université de Montréal,Jean Zigby, Jacques Brodeur, professeur titulaire au département de sciences biologiques de l’Université de Montréal et directeur de l’Institut de recherche en biologie végétale et le maintenant célèbre Louis Robert, agronome.