Le devoir d’honorer la mémoire de Jean Garon

L’acte d’attribuer le nom d’un personnage public à une infrastructure majeure est un acte de mémoire précieux à user avec prudence et parcimonie.

Pourtant, il est étonnant que, plus de six ans après son décès, rien dans l’espace public ne commémore le nom de Jean Garon, ni à Lévis dont il fut le représentant pendant près de trente ans, ni à l’échelle nationale en tant que ministre marquant de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.

Il y a là, selon nous, un devoir de mémoire qui n’est pas assumé car les raisons de rappeler le souvenir de Jean Garon sont multiples :

  • Dès les années 50 et 60, il a été un joueur majeur du regroupement des forces nationalistes au sein du RIN puis comme membre fondateur du Parti Québécois, aux côtés de René Lévesque;
  • De 1976 à 1985, il aura été le ministre de l’Agriculture le plus marquant de l’histoire moderne du Québec avec des réalisations aussi fondamentales que la Loi de protection du territoire agricole et l’atteinte d’un niveau d’autosuffisance inégalé depuis;
  • Comme ministre de l’Éducation de 1994 à 1996, il a lancé les États généraux de l’éducation et défendu avec force l’accès aux études supérieures menacé par la hausse des coûts de scolarité;
  • Comme député de Lévis, de 1976 à 1998, il aura contribué à l’avènement de Chaudière-Appalaches comme région autonome et à celle de la ville de Lévis comme partenaire à part égale plutôt que simple banlieue de Québec;
  • Il aura été, en 2002, le premier maire de la nouvelle ville regroupée de Lévis.

Tout au long de sa vie politique, Jean Garon a fait preuve de courage moral en tenant tête aux puissants dans l’intérêt des gens ordinaires.  En cela, il constitue un exemple pour les nouvelles générations à la recherche d’un tel modèle.

Enfin, l’homme a été un  communicateur remarquable qui a laissé une empreinte certaine dans la mémoire collective, au-delà de toute partisanerie, aux côtés d’autres grands ministres de ce temps aujourd’hui disparus que furent, entre autres, Paul-Gérin Lajoie, Jacques Parizeau, Bernard Landry, Camille Laurin  et Lise Payette.

En conséquence, nous ne pouvons que souscrire à la proposition de la famille et des amis de M. Garon de donner son nom à la portion lévisienne de la Route du Président Kennedy, à l’instar de ce qu’ont fait d’autres villes tout au long de la Chaudière, honorant ainsi des concitoyens  illustres.

Cela est d’autant plus pertinent que l’élargissement à quatre voies de ce boulevard a été une réalisation majeure de Jean Garon qui y a mis tout l’acharnement et le poids politique qu’on lui connaît.

Les artères de cette importance sont rares et leur désignation est un précieux outil de mémoire collective.  L’essentiel est que, collectivement, nous ayons la sagesse d’utiliser l’acte de nommer ces grands axes pour dire qui nous sommes en nous rappelant les hommes et femmes qui ont façonné notre histoire.

Michel Lessard, historien de l’art, citoyen de Lévis

Laurent Lessard, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (2017-2018)

Denis Vaugeois, ministre des Affaires culturelles (1978-1981)

Thomas Mulcair, chef du NPD (2012-2017)

Pierre-Karl Péladeau, président et chef de la direction de Québécor

Christian Lacasse, président de l’UPA (2007-2011)

Marie-Josée Lord, cantatrice, lévisienne d’adoption

Denis Cadrin, curé de Lévis (2000-2012)

Pierre Fortin, économiste

Une trentaine d’autres personnes ont signé cette lettre.  Leurs noms peuvent être consultés sur le site www.institutjeangaron.com

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