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Opinion – Les “trumperies” du ministre de l’Agriculture…

Roméo Bouchard – Les annonces de centaines de millions pleuvent, soi-disant pour permettre le développement d’une agriculture durable et de l’autonomie alimentaire au Québec. Le président de l’UPA est à côté du ministre Lamontagne pour faire ces annonces, et pour cause. Car il s’agit d’une triste mise en scène pour cacher un fait pourtant évident.

Tous ces fonds sont destinés à l’agriculture industrielle dominante, même si le président de l’UPA répète bêtement qu’il n’y a au Québec que des fermes familiales alors que plus de la moitié des agriculteurs sont sous régie d’intégration.

Le plan d’agriculture durable a réussi le tour de force de ne pas dire un mot de l’agriculture écologique et biologique, de proximité ou de volume. Les millions annoncés dans ce plan sont destinés en grande partie à compenser les gros producteurs qui réussiront à diminuer de 15% l’utilisation des pesticides et des engrais chimique, mais on ne voit rien pour les producteurs biologiques qui eux, sans subventions, réussissent à produire sans pesticides et sans engrais chimiques: même pas un petit programme cheap pour leur rembourser les frais de leur certification et les pertes qu’ils subissent pour les bandes tampons qu’ils doivent exclure le long des champs de voisins chimiques.

On a débloqué des fonds pour la production en serre (apparemment pas très fonctionnels d’ailleurs selon un reportage de la Semaine verte), et le premier projet de serre subventionné est celui d’un jeune groupe d’ingénieurs qui veulent produire des fraises en hiver.

On a annoncé hier près de 200 millions pour augmenter notre autonomie alimentaire, mais l’argent est destiné à aider à la robotisation et l’automatisation des gros producteurs et transformateurs plutôt qu’à aider des centaines de fermes de proximité qui tirent le diable par la queue. Le président de l’UPA fait miroiter des abattoirs en région, alors qu’il sait très bien que des milliers de vaches de réforme continueront chaque semaine à aller se faire abattre en Ontario et aux États-Unis.

On va payer des campagnes d’achat chez nous et on met les Québécois au défi d’acheter pour $12 de plus par semaine de produits québécois -mais c’est surtout pour faire vendre les produits industriels des gros producteurs chimiques, pas les produits locaux et les marchés locaux, et de plus, en ignorant la compétition des produits importés à bas prix.

Sur la photo Jean Pronovost et Roméo Bouchard lors du lancement du livre de Roméo Bouchard en 2018: L’UPA, un monopole qui a fait son temps

Roméo Bouchard

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