À écouter les nouvelles, le populisme semble gagner du terrain un peu partout, et c’est probablement vrai à voir nos politiciens gouverner aux sondages. Car le populisme c’est simplement dire et donner ce que nos commettants (les citoyens) veulent entendre et demandent. À la base c’est bon, on appelle cela la démocratie. Là où cela dérape c’est quand l’on sait que ce que l’on dit, ou ce que l’on promet, sera impossible à réaliser, ou pire, sera nuisible. Tous les secteurs aujourd’hui sont touchés : l’économie, l’environnement et même l’agriculture sont victimes de ce populisme de plus en plus grandissant.
En agriculture le populisme touche de plus en plus notre secteur, la méconnaissance de la production agricole et le désir de la population d’avoir un certain type alimentation permettent à certains groupes militants de faire avancer leur agenda, avec l’appui des politiciens, s’ils convertissent à leurs idées une masse assez importante de gens.
Être contre les pesticides, c’est bon politiquement!
Le dossier des pesticides en est un bon exemple : être contre les pesticides c’est bon politiquement, et nos politiciens l’ont bien compris. Et l’on assiste à une surenchère des propositions, sans égard aux conséquences. Le cas avec la mairesse Plante qui annonce le bannissement des pesticides à Montréal est exemplaire : une annonce sensationnelle qui laisse croire que par sa simple volonté un politicien peut régler ce ‘’problème’’. Pourquoi Québec et Ottawa ne feraient-ils alors pas pareil?
La réalité est bien différente, la ville aura de la difficulté à mettre en application cette décision, déjà elle doit faire des exceptions pour les terrains de golf. Une chance qu’il n’y a pas trop de production agricole à Montréal parce qu’il aurait d’autres exceptions. C’est dommage, car Montréal a depuis des années un super plan de réduction des pesticides, un vrai plan qui donne des résultats, mais moins sensationnel que l’annonce de la Mairesse Plante.
Mettre un bémol à ce qui est populaire nous catégorise automatiquement dans les clans des extrémistes
Comment prévenir ce populisme ? Parce qu’aujourd’hui donner une opinion contraire ou mettre un bémol à ce qui est populaire nous catégorise automatiquement dans les clans des extrémistes, des négationnistes, des climatosceptiques, etc., en fin de compte nous catalogue parmi les gens à ne pas fréquenter.
Dans toutes démocraties, il est important d’avoir des politiciens qui écoutent les gens, qui soient justement populistes, mais il est important aussi qu’il y ait des contre-pouvoirs qui peuvent balancer ce populisme et éviter le clivage des opinions. L’opposition politique n’est pas un contre-pouvoir au populisme puisqu’elle est aussi sensible à l’opinion publique. Lorsque l’opinion publique à elle seule nourrit les politiques, les idées se polarisent et les clivages apparaissent. Les universités et leurs professeurs, les ordres professionnels, les instituts, les centres d’expertises devraient assumer ce rôle de contre-pouvoir.
Malheureusement la plupart ont délaissé ce rôle, par paresse pour certains, par facilité pour d’autres, mais souvent pour des questions monétaires. Le financement de la plupart de ces organismes, qui était plus diversifié, plus statutaire, est devenu de plus en plus à la pièce donc plus sensible aux préoccupations politiques du moment.
Aujourd’hui il faut être populaire pour survivre. On a politisé sans le vouloir ces organismes, affaiblissant les contre-pouvoirs du populisme.
Pour la presse c’est la même chose, réduite à l’aide gouvernementale à la pièce, elle sera de plus en plus sensible à l’opinion des politiciens et de la population : c’est parfait et efficace pour alimenter le populisme.