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Face au laisser-faire des gouvernements, Run de lait est un espoir

Le 3 mars dernier prenait à l’affiche au Trident, Grand Théâtre de Québec, la pièce de théâtre documentaire Run de lait. Avec cette pièce, le théâtre documentaire fait une entrée dans le monde du lait. Pendant deux heures l’auteur-comédien Justin Laramée tente de nous expliquer le monde compliqué du lait, et c’est bien réussi. Les sujets abordés par la pièce peuvent intéressés autant le consommateur néophyte, que des initiés du monde du lait. Plus important, cette pièce amène dans l’arène publique, le débat nécessaire sur la gestion de l’offre, non pas sur sa nécessité, mais sur ce que l’on en a fait.

Justin Laramée et son acolyte Benoit Côté ont fait des entrevues pendant 4 ans avec à peu près tous les acteurs touchants le monde du lait : producteurs, transformateurs, experts, politiciens, et même un douanier. Cela leur a permis de mieux comprendre ce monde, et de nous partager sur scène l’évolution de sa compréhension.

Les trois piliers de la gestion de l’offre encore et toujours bafoués

Rapidement dans la pièce, on nous rappelle que la gestion de l’offre repose sur trois piliers, garantir un prix décent pour le lait produit, s’assurer d’une discipline de production pour éviter les surplus et répondre à la demande et finalement le contrôle des importations. La pièce nous démontre que ces trois piliers ont été et continuent à être bafoués par divers acteurs canadiens, même par des gens qui devraient être des alliés de ce système. On s’aperçoit qu’une accumulation de privilèges ont été accordés avec le temps et qu’ils ont complexifié et corrompu un système à la base assez simple.

Un modèle de centre gauche qui se cherche

On nous rappelle aussi que le lait au Québec est aussi un miroir du modèle québécois : un modèle de centre gauche qui se cherche. Ce docu-théâtre est aussi un rappel que nos institutions telles les coopératives, les syndicats et les gouvernements ont de plus en plus de difficulté à se situer ou à soutenir un modèle québécois. On se mondialise au prix d’une certaine indifférence et cynisme par les citoyens.

Des transformateurs de plus en plus avides face au laisser-faire des gouvernements

La pièce met la lumière sur une industrie laitière aux mains de transformateurs de plus en plus avides, dans l’indifférence totale et le laisser-faire des gouvernements.

Dans la pièce on entend d’ailleurs le ministre de l’Agriculture du Québec, André Lamontagne, faire un constat tout aussi lucide qu’effrayant, sans que l’on sente d’actions pour éviter ce constat. Le laisser-faire, la protection des acquis et privilèges semblent la norme.

Un élément est omniprésent dans la pièce : on nous rappelle qu’en arrière de la gestion de l’offre il y a des familles, des humains, ce que nos institutions semblent quelques fois oublier.

Un beau deux heures qui amène à réfléchir, en nous faisant passer par toutes sortes d’émotions : tout n’est pas rose, tout n’est pas noir. Il est à espérer que cette pièce soit l’étincelle d’un réel débat sur notre industrie laitière. Face au laisser-faire des gouvernements, Run de lait est un espoir.

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