Les Terres des Sœurs de la Charité en 2032

Nous sommes à Québec en juillet 2032. Les 200 hectares du Centre de Développement de l’Agriculture Biologique de Proximité grouillent de vie. Des dizaines de producteurs agricoles travaillent la terre, labourant, semant, bêchant et récoltant légumes, fruits et céréales. Ces terres généreuses confiées au Centre ont d’abord été cédées par les Sœurs de la Charité une décennie plus tôt au Gouvernement du Québec.

On y rencontre des producteurs en bio, novices ou expérimentés, accompagnés par le Centre. Pour les jeunes agriculteurs de plus en plus nombreux, le lieu est un laboratoire où tester leurs idées novatrices en Agriculture Biologique de Proximité (ABP). C’est aussi un incubateur de « jeunes pousses » prometteuses et réputées.

Dans la petite ferme, les poules pondeuses et les lapins se promènent en liberté. Les chèvres fournissent le lait de la fromagerie attenante. Les écoliers viennent en classes vertes découvrir les multiples facettes de l’agriculture bio. La Ville y organise régulièrement des camps de jour. Aujourd’hui, une trentaine d’enfants s’égaient dans les champs ou viennent approcher et toucher les animaux dans leurs enclos.

Les agriculteurs discutent avec les chercheurs des résultats des travaux en cours sur leurs parcelles : ils expérimentent de nouvelles méthodes, comme la fertilisation et le travail du sol, les alternatives aux pesticides et autres technologies bio. Ils tentent ainsi de répondre aux défis du bio dans un environnement où domine l’agriculture conventionnelle.

Le Centre accueille cette année plusieurs cohortes d’étudiants et stagiaires d’ici et d’ailleurs. L’ABP est sur toutes les lèvres. Les échos des derniers colloques et activités de transfert de savoir-faire organisés par le Centre ponctuent les échanges.

Au marché du Centre, l’activité bat son plein. On y vend les produits frais de la récolte certifiée bio et des mets à petits prix cuisinés par des chefs de la région. Seul marché quotidien dans l’est de la Capitale, il accueille les ménages de la région et les visiteurs qui s’y rendent en autobus, à vélo ou à pied. Les invendus iront à des banques alimentaires et autres organismes d’aide.

Les kiosques des chefs attirent d’année en année plusieurs milliers de gourmets venus des quatre coins du Québec et même de plus loin. C’est le passage obligé des touristes de la Capitale nationale. On y suit également des ateliers de cuisine. C’est le lieu de prédilection des restaurateurs, nutritionnistes et cuisiniers d’hôpitaux ou de maisons de retraite.

Le site est aussi devenu un véritable refuge de biodiversité pour différentes espèces animales chassées par les bruits de la ville et les senteurs mortifères des parcs, jardins et terrains de golf traités. On y a planté des arbres et des végétaux ornementaux, installé des aires de repos, créé des zones humides et des espaces attirant oiseaux, papillons, batraciens et pollinisateurs, le tout aménagé le long d’un sentier d’interprétation parcourant le site. On vient découvrir dans ce parc thématique une autre facette de la Vieille Capitale.

De nombreux agriculteurs urbains des jardins communautaires, collectifs ou résidentiels fréquentent assidûment le Centre pour glaner un conseil ou une idée, acquérir des guides de culture bio, des cultivars ou des semences.

Avec un plan d’occupation optimale des terres, le site est accessible, équipé d’un stationnement et répond aux besoins des différents partenaires. Une signature architecturale d’ensemble unique assure une intégration harmonieuse et exemplaire au voisinage résidentiel.

La population s’est approprié les lieux. Au début, elle venait par curiosité et pour faire des achats. Puis, graduellement, elle est venue se renseigner, s’instruire et collaborer. Avec le retour de la vie animale et végétale, la nature a produit son effet. En ce mois de juillet 2032, on y vient désormais quotidiennement par centaines pour se reposer, admirer, fêter, respirer, fraterniser.

On dénombre actuellement plus de vingt centres similaires, répartis au Québec, ailleurs au Canada et dans le monde. Ils forment un véritable réseau de pôles d’excellence pour l’ABP.

Le Québec peut être fier d’être pionnier d’un monde qui préserve la vie et la santé, en sortant par le haut des pesticides de synthèse.

Feu-Michel Paradis

Sibi Bonfils

Groupe d’action en écologie intégrale (GAÉI)

Photo du site de l’Institut Jean-Garon

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