Martin Caron a fait son premier discours comme président de l’UPA au Centre des congrès de Québec cet après-midi dans un style posé et pédagogique. Au-delà de cette approche sobre, cela ne manquait pas de mordant face aux attentes gouvernementales.
Analysant le contexte actuel, il s’est inquiété de la montée des taux d’intérêt, des surtaxes sur les engrais russes, de l’endettement, de la hausse des salaires et a souligné que certains pays pour contrer cela investissaient massivement dans l’agriculture : « C’est, rappelle-t-il, le cas avec les quatre milliards de dollars votés par les États-Unis en soutien à ses agriculteurs».
La réalité des producteurs d’ici dans les cinq dernières années c’est, dit-il : « 47 % de recette de plus avec 51% de dépenses de plus, une dette agricole plus élevée de 61% pour un revenu net en hausse de seulement 13 %».
Retourner l’argent aux producteurs et réduire la paperasse
Concernant la protection de l’environnement il a souligné que les producteurs font partie du virage vert et contribuent, selon lui, grandement au fonds vert pour l’électrification et les changements climatiques à hauteur de 300 millions de dollars en 2022. Pour lui, il est temps que ce montant soit retourné aux producteurs « En plus, on est les seuls à payer au Canada. Les producteurs des autres provinces en sont exclus. Nous, on est efficace c’est maintenant au tour de l’État d’être efficace et quand je dis ça, je pense, à la Régie des marchés, à la Financière agricole à la CPTAQ».
Il a aussi souligné l’importance de certains secteurs comme la foresterie en notant que lorsque l’État intervient dans ce domaine cela crée toujours un manque à gagner pour les producteurs.
Il va falloir selon le nouveau président de l’UPA : «réduire la paperasse parce qu’il n’y a plus de marge pour payer les professionnels, il va falloir plus d’argent au ministère de l’Agriculture et il va falloir encourager la robotisation»
Martin Caron a aussi obtenu une salve d’applaudissements lorsqu’il a abordé le projet de Loi sur les agronomes et qu’il a dit : « On sait que le gouvernement veut revenir avec ça mais pour ce qui est de l’autonomie des producteurs agricoles c’est non négociable».
Voilà la table est mise pour la venue du ministre Lamontagne demain, pourrait-on dire!
Nos terres grugées
Au cours de son discours, il a aussi rappelé que le premier outil du producteur c’est sa terre et que seulement 2% (3,1 millions d’hectares) des terres agricoles du Québec sont accessibles pour la production alors que le Québec dispose de 4% de terres agricoles ( 6,3 millions d’hectares). Il a soutenu que 52 % des terres agricoles sont maintenant achetées par des non-agriculteurs. «Notre premier outil est grugé par les promoteurs. Notre zone agricole est grugée. On a perdu 24 821 hectares en 10 ans», a lancé Martin Caron.
Sur la crise que vivent les producteurs de porcs, il ne s’est pas trop étalé sur la situation sauf pour leur offrir son soutien moral : « Ça crée une pression énorme sur des femmes et des hommes qui sont à la base de ces entreprises-là», a-t-il dit.
On aurait pu s’attendre à une vision plus définie de la part du président du syndicat.