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«Nos farines sont faites avec du blé de l’Ouest», dévoile un rapport de Concertation Grains Québec

La Vie agricole a eu connaissance ces dernières semaines d’un rapport, intitulé ‘’Valorisation de la filière de blé panifiable québécoise – Plan d’action et de commercialisation’’, présenté par Concertation Grains Québec. Il en ressort qu’un effort important devra être fait par les décideurs pour valoriser le blé alimentaire et sa provenance du Québec. La synergie de la filière blé doit s’établir si on veut plus de 15% de blé d’ici dans nos farines.

Un «Pool» : comme un air de déjà vu !

Si le rapport apporte des pistes de solutions intéressantes comme : standardiser ce qu’est le blé alimentaire québécois en créant par exemple un concept « Qualité blé Québec», il est assez évident que l’idée de mettre en place un programme de «Pool» de blé alimentaire du Québec rappelle une certaine agence de vente reniée dans le passé par plus de 88 % des producteurs. Bel essai mais on a déjà donné diront plusieurs!

Ça prend plus d’argent pour le producteur dans la chaîne du blé

Le rapport parle aussi d’un programme de « Prime» lié au blé alimentaire d’ici, parce qu’il est clair que l’aspect financier lié aux producteurs est occulté depuis trop longtemps.

« Si la qualité du blé alimentaire québécois ne s’améliore pas, c’est qu’il n’y a pas d’incitatif financier pour le producteur», peut-on lire dans ce rapport.

Et comme on le sait, le choix des variations de cultures se fait aussi en fonction de ce que chacune d’elles rapporte. « À défaut d’un prix beaucoup plus attrayant, pourquoi investir temps et argent afin d’obtenir un blé de plus grande qualité?», peut-on lire dans ce rapport.

Au Québec, on nourrit du bétail bien avant les gens!

Si les acheteurs et commerçants craignent selon les saisons de devoir composer avec des volumes non livrés toujours plus importants, les producteurs de leur côté soulignent le faible écart de prix observé entre le blé alimentaire et fourrager ce qui ne les incite pas à en cultiver plus. Actuellement, le marché du blé alimentaire provenance Québec s’effrite donc au profit du blé fourrager. Au Québec, on nourrit du bétail bien avant les gens.

Oui, c’est possible du blé alimentaire du Québec si on se parle!

Il est possible de produire plus de blé alimentaire au Québec au lieu de tout envoyer pour nourrir le bétail, mais pour cela, ça va prendre du leadership et cela passera par la simplification de ce type de commerce avec «un cahier de charge moins lourd et moins contraignant», selon le rapport de Concertation Grains Québec.

Pour réussir ce revirement de la filière blé, du producteur à l’acheteur de farine (boulangers ou pâtissiers), en passant par les meuneries et grandes minoteries, on devra faire preuve d’une véritable synergie inexistante pour le moment.

Le blé de l’ouest préféré à celui du Québec

Le rapport rappelle que les grandes minoteries telles ADM, Ardent Mills ou Farine Five Rose ne consomment qu’une quantité limitée de blé alimentaire québécois en raison de sa moindre qualité et de la grande accessibilité d’un blé alimentaire en provenance des Praires de l’ouest du Canada.

Le Québec doit travailler sa qualité

Le Québec a un vrai travail à faire au-delà de s’assurer de bons échanges dans sa filière blé, il doit atteindre le niveau de qualité du blé de l’ouest.

«Le blé des Prairies est jugé systématiquement plus riche en protéines et possédant un indice de chute plus élevé. Par conséquent, on estime qu’il vaut plus cher que celui produit au Québec», nous dévoile le rapport.

Des farines avec moins de 15 % de blé québécois

Mais rien n’est perdu, rien ne dit que les grandes minoteries de Montréal ne s’approvisionneraient pas dans le futur à 100% en blé du Québec, en raison d’un gain dans le coût de transport, si on atteint la qualité requise.

Le rapport nous dévoile que d’un côté les meuneries qui sont les plus importants consommateurs actuels de blé québécois sont peu exigeantes sur la qualité reçue, ne s’intéressant pas aux facteurs de classement établis par la Commission canadienne des grains et ne démontrant aucune exigence concernant le taux de protéines : « En deux mots, les meuneries représentent donc au Québec la facilité et la simplicité pour transiger du blé, tous types confondus», est-il écrit dans ce rapport.

Et d’un autre côté les grandes minoteries en raison de leurs besoins importants en blé alimentaire de qualité vont le chercher dans l’ouest ne mélangeant dans leurs recettes actuelles que 10 à 15 % de blé québécois.

À l’heure de la souveraineté alimentaire, il est grand temps que la filière blé se réveille!

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