On a au Québec une agriculture qui nécessite de plus en plus d’actifs. Statistique Canada dans son dernier recensement révélait qu’en 2021 une ferme québécoise en moyenne avait 3,694,295 dollars d’actifs, en 2011 c’était 1,843,569 dollars : une augmentation de 100 %. Durant la même période, selon statistique Canada le revenu agricole net comptant passe de 73,510 dollars à 126,627 dollars, une augmentation de 72%. L’actif est de plus en plus difficile à revaloriser : on est passé d’une revalorisation du capital d’un peu moins de 4.0% à 3.4 %. Non seulement il faut de plus en plus d’actifs, mais en plus chaque dollar d’actif rapporte moins.
Afin de bien comprendre, le revenu agricole net comptant est le revenu total d’exploitation moins les dépenses totales d’exploitation, sans tenir compte de la déduction pour amortissement (l’amortissement); de la valeur des rajustements des stocks; des retraits du Compte de stabilisation du revenu net (CSRN) /Compte de stabilisation du revenu agricole (CSRA) et d’Agri-investissement; de la vente de terres, de bâtiments, de machines, de matériel et de quotas; et les achats d’immobilisations. Les revenus provenant de la vente d’animaux de reproduction et de remplacement, les paiements directs de programme et les revenus provenant des travaux agricoles à forfait sont inclus.
Au niveau du champ les producteurs vivent effectivement cette inflation du capital nécessaire, outre le prix des terres qui augmente, le coût de la machinerie neuve a explosé, pour une ferme, on ne va pas loin avec 1,000,000 de dollars. Bien entendu une ferme ne remplace pas d’un coût tout son équipement, cela se fait graduellement. Cependant cette inflation dans l’équipement amènera des reports dans les achats, ainsi qu’une plus grande difficulté à rentabiliser le remplacement d’équipement.
L’on assiste aussi à une augmentation des coûts de location des terres, l’on parle dans certains cas de location à plus de 400 dollars l’acre, un prix qui semble insensé pour beaucoup de locateurs, surtout dans des contextes de prix de maïs en baisse comme ce l’est présentement, mais une aubaine comparativement à l’achat de terres de même qualité qui se négocie largement en haut des 20,000 dollars de l’acre. Les seuls intérêts sur un tel achat représentent en moyenne annuelle à 5% sur 20 ans, près de 500 dollars par acre (1000 dollars le premier mois et 0 le dernier mois), et l’on parle pas du remboursement en capital.
La technologie est en partie responsable de cette augmentation des actifs sur les fermes, un exemple les robots de traite. Ils remplacent des systèmes moins performants et moins coûteux, mais qui trayaient le même nombre de vaches. Il est sûr que pour plusieurs l’introduction d’une telle technologie est l’occasion d’augmenter son cheptel avec la même force de travail. L’adoption des nouvelles technologies est essentielle, elle permettra aux entreprises agricoles d’augmenter leur productivité et la qualité de leur produit, un gain majeur pour la société qui verra sa sécurité alimentaire augmenter, cependant elle s’accompagnera une charge plus grande pour les entreprises pour financer cet accroissement des actifs.
Les entreprises et nos gouvernements seront sûrement amenés à revoir leur modèle de production et de financement pour faire face à cette tendance qui n’est pas prête de s’estomper et qui risque même de s’accélérer. Sans changements la pérennité de beaucoup d’entreprises risque d’être affectée, soit au niveau de la capacité de l’entreprise de renouveler ses actifs devenus désuets, ou par l’impossibilité de la relève à reprendre l’entreprise. Un défi, pour lesquels il existe des solutions, il suffit individuellement et collectivement de s’y attaquer rapidement.