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Et si Thibault Rehn avait été nommé…

Les projecteurs des médias se sont tournés vers l’Ordre des agronomes du Québec suite à la nomination de monsieur Benoît Pharand à sa direction, une exposition médiatique à laquelle l’ordre n’est pas habitué. Plusieurs personnes sont restées surprises, ou plutôt scandalisées à la lecture du CV du candidat choisi. Le fait d’avoir travaillé pour Réseau végétal Québec, une association d’entreprises qui œuvrent dans le secteur des productions végétales, devait selon certains le disqualifier automatiquement du poste de direction de l’Ordre des agronomes. Une question que je me pose, si cela avait été un candidat qui venait du milieu des militants écologiques, par exemple Thibault Rehn de Vigilance OGM, aurait-on eu droit au même traitement médiatique quant à son éligibilité à ce poste?

Si la réponse est oui, je n’ai pas trop de problèmes. Il y a là une certaine logique quant au rôle anticipé du DG de l’Ordre des agronomes du Québec, si la réponse est non, c’est que l’on n’a pas compris le rôle de l’Ordre des agronomes ou du moins ce qu’il devrait être.

La principale mission, si ce n’est la seule d’un ordre professionnel, est d’assurer la protection du public dans l’exercice d’une profession, dans ce cas-ci : ‘’de communiquer, de vulgariser ou d’expérimenter les principes, les lois et les procédés, soit de la culture des plantes agricoles, soit de l’élevage des animaux de ferme, soit de l’aménagement et de l’exploitation générale des sols arables, soit de la gestion de l’entreprise agricole’’ – (article 24 de la loi sur les agronomes).

Trop souvent l’on veut que l’Ordre des agronomes fasse la promotion ou sanctionne une pratique agricole plutôt qu’une autre, ce qui est le rôle des gouvernements. L’ordre doit plutôt s’assurer que ses membres respectent ses règles.

Le cas des pesticides en exemple

Le cas des pesticides est un bon exemple (j’aurais pu aussi bien prendre le cas du Bio), l’ordre n’a pas à ajouter des restrictions à leurs usages ou à leurs prescriptions, les gouvernements avec toutes leurs compétences les ont autorisés et réglementés que ce soit dans leur usage et dans leur prescription.

L’Ordre des agronomes doit juste s’assurer que ses membres suivent les lois et règlements que les législateurs ont décidés, toujours dans l’intérêt du public et sans parti pris pour un groupe d’intérêt qu’il provienne de l’industrie ou de groupes écologiques.

Au même titre un directeur ou un administrateur de l’Ordre doit oublier ses anciennes affiliations et se concentrer sur le mandat de l’ordre, sinon bye-bye.

Les prises de position de l’Ordre des agronomes sur un produit ou une pratique agricole sont très délicates et ne devraient intervenir que dans des cas extrêmes qui sont très documentés, celles d’un agronome beaucoup moins.

Le rôle de protection du public dans le cas des agronomes est un peu plus difficile à cerner, car de quel public parle-t-on ? L’article 28 réserve aux agronomes les actes décrits dans l’article 24 de la Loi, ces dispositions ne s’appliquent pas aux actes posés par un artisan, un ouvrier ou un agriculteur en tant que tel. Les agriculteurs doivent cependant respecter les lois, et comme les agriculteurs sont les premiers clients des agronomes, cette disposition affaiblit grandement leur rôle quant à la protection du grand public et à notion d’actes réservés.

Cette disposition est justifiable quoique discutable. Cette exception amène l’Ordre et ses membres à se concentrer plus sur la qualité du conseil plutôt que sur le côté prescriptif auprès de ses clients, cela ressemble plus au rôle d’une association que d’un ordre.

D’ordre à association ?

D’ailleurs le grand public perçoit plus l’Ordre des agronomes du Québec une association, c’est d’ailleurs le modèle que les agronomes ont choisi ailleurs au Canada et dans plusieurs pays du monde. La transformation de l’Ordre des agronomes d’un ordre professionnel avec des actes réservés à une association du même type que l’on a ailleurs au Canada, bien entendu avec un renforcement des lois et règlements, devrait être prise en compte dans la réflexion de la modernisation de la Loi sur les agronomes (j’entends déjà les cris et les pleurs). Cela permettrait, peut-être, aux agronomes d’accueillir et considérer plus facilement des débats sur notre façon de faire l’agriculture et la couleur de ses dirigeants pourrait devenir un sujet de discussion.

Avant de finir, je tiens à préciser que Thibault Rehn de vigilance OGM, à ma connaissance, n’a pas appliqué au poste de DG de l’ordre des agronomes c’est juste le fruit de mon imagination. Inquiétez-vous pas comme pour le reste…

 

 

 

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