En avril le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) a reçu un assez mauvais bulletin de notes de la part de la Commissaire au développement durable (Vérificateur général du Québec). L’audit de performance démontre que les mécanismes mis en place par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) pour que les pratiques agricoles préservent et améliorent la santé des sols, et permettent leur conservation, ne sont pas suffisants et manquent d’efficacité.
Un rapport de 49 pages assez sévère pour le MAPAQ, mais aussi pour la Financière Agricole du Québec (FADQ).
Trois constats sont bien détaillés dans le rapport:
1-Le MAPAQ n’oriente pas efficacement les producteurs agricoles pour les amener à adopter plus rapidement des pratiques agricoles durables favorisant la santé et la conservation des sols.
2- Le MAPAQ a mis en place des mesures qui manquent d’efficacité pour accélérer l’adoption de pratiques agricoles durables favorisant la santé et la conservation des sols.
3- Les conditions incluses dans les programmes de la FADQ sont insuffisantes pour accélérer l’adoption de pratiques agricoles durables favorisant la santé et la conservation des sols.
Le MAPAQ a trois programmes afin de soutenir les producteurs agricoles pour que ceux-ci adoptent des pratiques agricoles durables, dans le but de maintenir et d’améliorer la santé des sols et de les protéger de la dégradation, il a dépensé 46,5 millions en 2022-23.
Ces trois programmes sont le programme Prime-Vert, Programme services-conseils et l’Initiative ministérielle de rétribution des pratiques agroenvironnementales. Les constats faits sur ses trois programmes sont très sévères, en voici quelques-uns : manque de cohérence, faible participation (malgré l’argent dépensé), suivi insuffisant (voir nul) de la performance des programmes, etc.…
Désolant et inquiétant
Ce rapport de la Commissaire au développement durable est réellement désolant et inquiétant. L’agriculture est un élément essentiel dans la lutte contre les changements climatiques, l’adoption massive de pratiques agricoles durables permettra à l’agriculture de devenir une solution au problème. Un échec dans l’adoption va maintenir l’agriculture dans la colonne des problèmes, les coûts seront majeurs pour la société et pour l’agriculture. Un échec risque d’amplifier l’image de pollueur qu’a la société des producteurs agricoles, à l’inverse un succès renforcera l’image de gardien de l’environnement qu’auront les producteurs agricoles.
Rien ne se fera en agriculture sans le soutien de la société
L’enjeu est grand, car l’agriculture dans le futur ne pourra pas prospérer sans l’appui de la société, l’époque où l’agriculture était le seul juge de ses pratiques agricoles est révolue.
Le gouvernement a mis sur pied une politique en mesure de rendre les pratiques agricoles durables (PAD), c’est un grand pas. L’argent semble être là, et il y en aura probablement encore plus, compte tenu des enjeux. Le rapport du vérificateur général du Québec sonne l’alarme concernant une déficience majeure dans la gestion de cette politique.
MAPAQ et FADQ ont pris acte : un changement s’impose!
Le MAPAQ et La FADQ ont pris acte de ce rapport. On devrait voir des mesures de correction dans le plan d’action que soumettra le MAPAQ dans le cadre du plan de mise en œuvre 2025-2030 du Plan d’Agriculture Durable (PAD). La tâche s’annonce cependant ardue pour le MAPAQ, il devra préciser, voir imposer ses attentes auprès de ses partenaires, 15 pour la gestion de ses 3 programmes, qui jusqu’à maintenant ne semblent pas avoir eu beaucoup de pression pour atteindre les objectifs voulus.
Afin d’avoir l’adhésion des producteurs, le MAPAQ et ses partenaires devront absolument considérer le contexte de grogne contre la « paperasse » et la réglementation excessive, ils devront probablement prioriser et éliminer certaines réglementations existantes moins prioritaires, une mission plus que difficile pour une administration qui a l’habitude d’empiler les mesures et formulaires.