Dernièrement j’ai eu l’occasion de visiter avec des collègues les installations de recherche en production laitière à Elora, opérées par l’université de Guelph en Ontario. L’importance de l’installation est de loin supérieure à ce que je m’imaginais. Il s’agit-là d’un site de recherche en production laitière de classe mondiale. Nous avons apprécié la visite, avec un peu de jalousie que de telles installations ne soient pas au Québec, haut lieu de la production laitière au Canada.
La nouvelle ferme de recherche complétée en 2015 au coût de 25 millions de dollars couvre 175,000 pieds carrés d’installations. L’on retrouve pour des fins de recherche, trois systèmes d’élevage, un en stabulation entravée, un avec robot de traite et une dernière avec un carrousel de traite. Cette ferme est un projet conjoint de l’Institut de recherche agricole de l’Ontario (ARIO), du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario (OMAFRA), de l’Université de Guelph et de l’Industrie laitière de l’Ontario, représentée par les Producteurs de lait de l’Ontario. L’installation laitière est gérée par l’Université de Guelph par l’intermédiaire de l’Alliance pour l’innovation agroalimentaire de l’Ontario, en collaboration avec l’OMAFRA. Le site d’Elora fait aussi de la recherche en production bovine, porcine et grande culture sur une superficie dédiée à la recherche de 2310 acres.
S’inspirer du modèle ontarien pour le Québec
Chose intéressante, c’est de voir la collaboration de l’ensemble des acteurs pour mettre en place ce projet. Comme c’est de la recherche, l’on met au centre du projet et de sa gestion l’université, le ministère de l’Agriculture comme diffuseur, l’industrie et les producteurs comme bénéficiaires, toutes sont parties prenantes. L’on aurait intérêt à s’inspirer de ce modèle au Québec.
Au Niveau du Québec, on fait aussi de la recherche en production laitière, mais on a tendance à s’éparpiller, deux universités avec facultés en agriculture, un centre de recherche fédéral à Lennoxville, un centre d’expertise (Valacta) et divers centres régionaux.
Pas de leadership pour la recherche commune au Québec
Seul le centre de recherche fédéral à Lennoxville, ou Agriculture Canada a concentré pour tout le Canada sa recherche en production laitière et possède des installations de recherche de classe mondiale, qui ont d’ailleurs été modernisées en 2009 au coût de 12 millions. Pour le reste, les infrastructures de recherche sont vieillissantes dans certains cas, voire inexistantes ou insuffisantes pour d’autres. Il ne semble pas avoir d’intérêt, ou de leadership pour mettre en place cette infrastructure commune de recherche.
Il y a plus que la gestion de l’offre
Pourtant le Québec compte pour 37 % de la production laitière au Canada, l’Ontario 33% et c’est une industrie importante. La recherche est indispensable au maintien de la compétitivité de notre industrie. On ne doit pas se fier uniquement au système de gestion de l’offre pour maintenir notre première place.
En passant, la ferme de recherche d’Elora vient d’inaugurer en 2023 au coût de 20 millions des installations de recherche porcines, avec les mêmes partenaires. On n’arrête pas le progrès … en Ontario.