Site icon LA VIE AGRICOLE / LVATV.CA

«On jette bien près de 200 millions de litres de lait par an au Canada!»

Si Sylvain Charlebois et d’autres chercheurs prétendent qu’il s’est jeté pour 6 milliards de litres de lait en 10 ans entre 2012 et 2022, Martin Caron, président de l’UPA s’en défend, mais reconnaît anecdotiquement qu’il se jette du lait les jours de tempêtes de neige en raison des complications liées au transport. La Vie agricole a parlé à une source au sein de la transformation laitière qui nous a dit qu’il se jette effectivement du lait,  environ 150 à 200 millions de litres par an ce qui porte la perte à près de 2 milliards de litres sur 10 ans tout de même. Si la bataille de chiffres est lancée, c’est avant tout parce que la Commission canadienne du lait manque de transparence et ne déclare pas le lait jeté, nous a-t-il expliqué. Voilà ce qui entraîne probablement des études sur des hypothèses que certains réfutent.

« Ce qui est particulier avec le système de gestion de l’offre actuel, nous dit notre source, c’est que c’est le seul système où lorsqu’on augmente la production de lait on augmente aussi le prix du lait. Normalement dans une industrie plus tu produis plus tu es en mesure de baisser les coûts pour le consommateur.»

« Il est clair que collectivement nous n’avons pas su répondre aux besoins des nouveaux canadiens. Nous sommes passés de 33 millions de personnes à 40 millions en peu de temps et la consommation per capita a baissé. Il faut arrêter de se faire croire qu’on est bons. On n’est pas bons!», nous dit-il.

Attention à l’endettement des fermes : ce sera l’engrenage

Le contexte est compliqué pour les transformateurs du Québec et du Canada qui sont en perpétuelle consolidation nous dit-il. Il faut selon notre source « s’inquiéter de l’endettement des fermes qui n’ira pas en diminuant. Les actifs des fermes, quotas et terres qui vont se vendre en grande quantité dans les prochaines années seront achetés avec des prêts donc c’est l’engrenage, il faudra pour ces acheteurs supporter une croissance minimum de 2 à 3% et donc vendre plus, toujours plus.»

Le problème de fond n’est-il pas que la demande en beurre et croissants, comme La Vie agricole l’a identifié il y a plusieurs années, entraîne des solides non gras dont il faut disposer?  On a beau essayer d’investir dans des séchoirs pour le réutiliser sous d’autres formes, les transformateurs s’inquiètent de la compétition illégale engendrée par les producteurs qui peuvent nourrir directement leur cheptel avec les surplus.

Un meilleur lait et un meilleur fromage c’est possible

La gestion de l’offre est sensée régler les problèmes de surproduction, mais elle ne se limite finalement pas à la gestion du lait en incitant les producteurs à produire plus pour un marché restreint nous explique-t-on. Certains transformateurs rêvent encore d’un modèle découvert en France, lors de la mission de l’Institut Jean-Garon en 2022, où le transformateur fait appel à des producteurs pour l’achat de lait en fonction des besoins de production des fromages et de cahiers de charges spécifiques assurant un meilleur lait pour un meilleur fromage.

Comme nous le confiait notre source du monde de la transformation :  « Ça aussi c’est une forme de gestion de l’offre, mais il faut pour cela que les producteurs acceptent des cahiers de charges et ne gèrent que le lait, pas la transformation du lait».

Dans quelques semaines, le débat reprendra de plus belle en Amérique du Nord puisque plusieurs analystes s’attendent à ce que la gestion de l’offre soit discutée et contestée à nouveau par les États-Unis que ce soit Trump ou Harris qui prenne le pouvoir à Washington!

 

 

 

Quitter la version mobile