Alors qu’il avait sûrement quitté le congrès de l’UPA l’an passé la peur au ventre, tant il avait été malmené par les membres du syndicat présents dans la salle, c’est dans une ambiance bien plus conviviale qu’il a retrouvé hier, lors du 100e congrès de l’UPA sous le thème « Du cœur au ventre», le président Martin Caron.
Le ministre a aussi répondu à plusieurs questions de la salle et a confié pour faire écho à l’accueil chahuté de l’an passé : « Je vous invite à réécouter la dernière intervention de l’an passé, ce fut du fun pour les uns, mais pas pour d’autres. Moi ça fait six ans que je connais vos défis. Ça m’habite et souvent je me dis comment on va réussir pour créer l’environnement qui permet à chacun d’en vivre. S’il y avait un endroit dans le monde où il y a une recette miracle, je prends un billet d’avion et j’y vais demain matin».
Un amour retrouvé
La salle très calme semblait vivre l’apaisement d’un amour retrouvé avec le ministre malgré les questionnements qui persistent pour plusieurs.
- Sur la relève, questionné sur les outils qui seront mis en place, le ministre a précisé que ce sont 247 millions de dollars qui ont été accordés aux producteurs depuis 2014.
- Sur la politique en agroenvironnement, André Lamontagne estime qu’avant lui c’était zéro investissement alors que là 119 millions de dollars sont engagés pour accompagner les producteurs.
- Sur la problématique des petites fermes, il explique que même si la situation l’interpelle, il faut comprendre que sur 30 000 compagnies en agriculture, 3000 d’entre elles représentent 65 % des revenus agricoles et que 15 000 autres représentent 5 % des revenus agricoles.
- Sur le drainage, dossier fort inquiétant pour les producteurs, il assure que le ministère de l’Environnement est retourné « à la table à dessin» suite à ses actions.
- Sur les terres de Rabaska à Lévis, il défend son intervention auprès du ministère de l’Économie « qui n’a pas vocation à acheter des terres agricoles pour les cultiver» et d’avoir travaillé fort à une entente qui devrait sauver 109 hectares sur 272 qui resteront en zone agricole.
Un ministre avec du cœur au ventre lui aussi
Le ministre Lamontagne sur un ton très placide a exprimé son amour du métier exercé par les producteurs. Il a souligné à quel point lui aussi avait du cœur au ventre dans sa fonction et sur ce point il faut le reconnaître il semble sincère.
Que ce soit pour rappeler qu’il fait des efforts pour orchestrer les 18 ministères autour des volontés du sien, pour l’allégement administratif, pour privilégier l’accès à l’eau au secteur agricole, ou pour souligner les efforts pour la mise en place du code de bonne conduite des grands détaillants, on sent chez André Lamontagne une volonté de prouver sa bonne foi et son dévouement.
Le point majeur sur lequel il a insisté est le dépôt de la Loi pour la protection des terres agricoles qui se fait d’ailleurs aujourd’hui, et pour laquelle, il le rappelle les trois axes qu’il s’est donnés sont de freiner la perte de terres agricoles, donner des outils efficaces et stopper la spéculation. I
Il faudra voir quels seront les détails de la Loi pour mieux évaluer les conclusions de la nouvelle mouture de cette Loi emblématique suite au travail initié depuis 2023.
Un intervenant lui a aussi déclaré tout le respect qu’il a pour le travail politique qu’il effectue, mais qu’au final malgré des « manifestations monstres en début d’années, tout se consolide au détriment des plus petits. Est-ce que c’est le type d’agriculture que l’on veut ?», a lancé le producteur dans la salle.