Daniel Delisle, commentateur et analyste de courses de chevaux à l’hippodrome de Trois-Rivières vient de publier le 11 janvier dernier un article sur le site de l’hippodrome se désolant de la fermeture de la piste de Freehold au New Jersey. C’est l’occasion de se rappeler qu’ au Québec c’est monnaie courante dans une totale indifférence des pouvoirs publics.
«Chaque fois qu’une piste de course cesse ses activités, c’est tout le p’tit monde des courses de chevaux qui est en deuil. Le 28 décembre dernier, après plus de 170 ans d’activités, la piste de Freehold, située dans la partie nord du New Jersey, présentait officiellement son tout dernier programme de courses. C’était la plus vieille piste en activités aux États-Unis. Un deuil pour toute l’industrie, non seulement sur la côte Est américaine, mais pour toutes les activités de courses en Amérique du Nord.», écrit Daniel Delisle.
Il se désole de la fin de plusieurs pistes de course qui, comme c’est souvent le cas ici aussi, survient pour la revente des terrains à gros prix pour d’autres activités. : «On n’a avancé aucune raison particulière pour cette fermeture, si ce n’est que la valeur des terrains où se situe la piste a dorénavant un prix extrêmement dispendieux. Les proprios, Penn Gaming and Greenwood Racing voient dans la fermeture une occasion d’affaires», écrit-il.
Comme il l’explique aussi « (…) En affaires, les attachements sentimentaux, la portée historique, le pain et le beurre de tout un groupe de gens de chevaux pèsent peu dans la balance. Cette réalité, nous la connaissons trop bien au Québec, où tour à tour se sont éteintes les pistes de Sherbrooke, Saguenay, Aylmer, Québec et Blue Bonnets pour faire place à des développements de toutes sortes. Chaque fois qu’une nouvelle piste meurt, c’est toute l’industrie qui souffre.»
L’Alberta développe quand le Québec s’éteint
C’est l’occasion pour Jean-François Reid, président de l’ATAQ ( Association de trot et amble du Québec) de réagir et de rappeler qu’au Québec on fait du surplace: «L’article de M. Delisle est à propos. La fin des activités de la piste de Freehold nous rappelle nos propres défis. Au cours des dernières semaines, l’Alberta a annoncé un programme de 16 millions, Western Fair a augmenté les bourses d’un autre 10%, l’état de New York a rehaussé substantiellement le programme de stake et même la petite piste de Northside Down a annoncé 1 million d’investissements dans les écuries.Au Québec, nous venons de vivre un 10 ans de « surplace ». Nous vivons sur les mêmes bourses qu’il y a 10 ans, pourtant l’inflation continue de gruger le peu que nous avions à l’époque.»
Divergences sur le Club Jockey du Québec
Si Daniel Delisle écrit «C’est dans ce contexte qu’on apprécie vraiment la chance d’avoir eu le Club Jockey du Québec (CJQ)pour garder en vie ce sport des courses que nous chérissons tous.», Jean-François Reid est beaucoup plus critique bien conscient que tout ce qui ne progresse pas se rapproche inévitablement de sa fin.
«Pour moi, ces 10 ans marquent plutôt l’incapacité du Club Jockey du Québec à en venir à des ententes avec le Gouvernement du Québec, Loto-Quebec et la RACJ. Ces ententes sont essentielles à la progression de notre industrie. J’apprécie énormément le travail fait par M. Delisle au cours des dernières années. Par contre je ne suis pas rémunéré par le CJQ et j’ai une opinion beaucoup plus nuancée du travail du CJQ. On ne peut plus en 2025, juste louanger le CJQ pour avoir ramené les courses en 2011. Il faut aussi parler du bilan depuis le retour des courses. Un bilan faible. Mais ce qui m’inquiète le plus est l’absence de plan pour le futur, une structure de gouvernance inefficace et des problèmes opérationnels récurrents. », a-t-il précisé à La Vie agricole.
Des erreurs injustifiées
«A titre d’exemple, le calendrier 2025 a été publié par Standardbred Canada en premier et ce avant le CJQ et avec les mauvaises dates. Les mêmes erreurs continuent de se produire année après année.», dit-il
Et comme un cri d’alarme, il dit à l’attention de la présidente et au vice-président du Club Jockey du Québec: «Si on veut progresser, il faut se dire les vraies affaires. Mme Mongeon et M. Corbeil, comme nous vous l’avons déjà dit, l’industrie s’attend à plus du CJQ.»
Sur la photo: Jean-François Reid, à gauche.