Défense au Canada:«Notre continent est clairement moins protégé que dans le passé!», dit la générale Carignan.

Si le souci des derniers jours au Canada sont les tarifs douaniers que Donald Trump pourrait nous imposer, la défense de notre territoire est aussi au cœur de bien des esprits en ces temps en mouvance sur le plan géopolitique. La Vie agricole assistait ces derniers jours au CORIM ( Conseil des relations internationales de Montréal) aux conférences de Jennie Carignan, générale et chef d’État majeur de la défense des Forces armées canadiennes et de Blaise Frawley commandant adjoint de Norad. « Le temps compte» a déclaré la générale Carignan. «On doit mettre le pied sur le gaz en termes d’investissement dans la défense du Canada».

Si pour la générale Carignan, il est clair que la menace se trouve essentiellement en Arctique, elle rappelle « qu’il y a beaucoup de pain sur la planche. Le contexte géopolitique nous envoie des indices clairs pour le futur. Ce sera différent que les 30 dernières années depuis la chute du mur de Berlin en 1989. L’avenir va se définir autour de transformation et mobilisation, car on va avoir besoin de gens additionnels avec des compétences différentes dans le futur», a-t-elle déclaré.

«Notre premier effort doit se traduire par la défense de l’arctique, notre continent est clairement moins protégé que dans le passé dans ce secteur», a-t-elle expliqué.

Le Lieutenant-général Blaise Fairley a rappelé que Norad créé en 1958, est un accord entre le Canada et États-Unis et qu’il est le seul commandement binational au monde. Si Norad (Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord) identifie tous les avions qui décollent des États-Unis ou qui viennent d’ailleurs, une inquiétude est naissante en lien avec des sous-marins russes qui peuvent approcher sans qu’on le sache. Il faut craindre aussi la Chine et la Corée du Nord, a-t-il précisé.

«Mais ce qu’il faut surtout craindre c’est la collaboration entre la Russie et la Chine qui étaient avant  deux menaces séparées et maintenant communes», de dire Fairley aussi commandant adjoint de NORAD.

Notre priorité c’est le besoin de nouveaux radars selon lui: «On ne voit pas assez loin dans le nord, il faut voir pour se défendre, il faut avoir une connaissance du domaine», dit le Lieutenant-général Fairley.

Notre défense n’est possible si et seulement si on a une coordination entre États-Unis et Canada : « C’est essentiel malgré les tensions actuelles», dit le général Fairley.

Le temps compte

Pour la générale Carignan : « Le temps compte». Elle rappelle qu’il nous faut une défense qui a un effet de dissuasion sinon on risque de subir ce que l’Ukraine a subi.  «La Chine de son côté regarde et apprend de ce qui se passe en Ukraine», dit-elle.

«On a un échéancier à accélérer. L’arctique, c’est toujours difficile d’y circuler, c’est encore un environnement difficile, mais dans quelques années le passage du Nord-ouest sera plus accessible et navigable. Il faut que la machine soit plus adaptée et plus rapide pour répondre aux besoins militaires.»

2% du PIB dans l’armée c’est possible avant 2032 selon Jennie Carignan.

La Générale rappelle : « Une énorme partie de la défense c’est le fuel et les munitions, l’entretien des avions. Tout ça, c’est la fondation, mais ça prend du personnel, un système médical efficace, il faut investir en premier là-dessus.»

Elle ajoute : « Le but dans la construction d’une défense robuste c’est de dissuader ces attaques-là dans le futur. Au niveau canadien ça a toujours été l’équilibre entre combien investir dans la défense, on n’était pas menacé mais aujourd’hui ça a changé, le continent est atteignable maintenant. 2 % investi dans les prochaines années dans les armées peut éviter d’investir 10 % dans 5 ans. On doit mettre le pied sur le gaz.»

Les Russes en action?

Le général Fairley finit l’échange en laissant présager que les Russes sont déjà en mode action : «Je ne peux pas parler de c’est quoi, mais on a une bonne idée de ce qu’ils vont faire ( en parlant des Russes ). On a besoin de plus de capacité pour explorer les sous-marins, ça prend aussi des satellites pour observer l’espace ».

De grandes ambitions de protection pour l’Amérique du Nord

Le système actuel dit dôme de fer qui protège le ciel d’Israël est impénétrable explique le Lieutenant-général Fairlay et il déclare « Trump veut faire pareil pour les États-Unis, mais il faut savoir que l’Israël c’est la superficie du Lac Érié et nous en Amérique du nord, une telle protection ça inclurait aussi les déserts américains et le grand nord canadien».

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