Les illusionnistes et si les écologistes nous mentaient?

Les illusionnistes est un livre d’enquête journalistique fouillée aux Éditions Robert Laffont que  proposent deux journalistes du Point : Géraldine Woessner et Erwan Seznec

Ils y abordent  les thèmes du climat, de l’agriculture, du nucléaire, des OGM et en font une enquête inédite sur les dérives de l’écologie politique.

Selon leur thèse, l’écologie politique, sous l’apparence sympathique de la défense de la planète et de la santé de ses habitants, relève en réalité d’un projet politique fondé sur la décroissance et dans lequel l’écologie, la santé ou le climat, ne sont pas nécessairement des priorités.

À cette fin, la science serait instrumentalisée et déformée. Les exemples donnés sont nombreux.

On se rappellera que l’opposition au nucléaire était encore très en vogue il y a à peine 10 ans puisque même le président Macron à sa première élection voulait réduire la production d’énergie nucléaire.

Si l’opposition au nucléaire est fondatrice de la plupart des mouvements, les auteurs nous invitent à « découvrir comment, en œuvrant pendant des décennies pour imposer l’agenda décroissant qui permettrait de se passer de nucléaire, la mouvance écologiste a non seulement considérablement retardé la lutte contre le réchauffement climatique… mais a aggravé ce dernier, en faisant la promotion active de sources d’électricité beaucoup plus polluantes. »

Les OGM, une solution pour des milliers d’enfants?

Pour les auteurs Géraldine Woessner et Erwan Seznec le principe de l’opposition aux OGM reste bien ancré en France même si cela «prive des centaines de milliers d’enfants dans le monde atteints de cécité due à une carence en vitamine A, de l’accès à un riz génétiquement modifié pouvant contribuer à supplémenter cette carence».

Les auteurs s’interrogent aussi dans l’ouvrage sur une certaine exception française :  alors que la lutte contre l’utilisation excessive de produits phytosanitaires fait consensus à travers toute l’Europe et que les législations se sont considérablement durcies depuis trente ans pour interdire ou limiter l’usage des pesticides les plus nocifs, les auteurs notent que « le jusqu’au-boutisme porté par l’écologie politique (qui milite pour l’interdiction pure et simple de tous les pesticides de synthèse) a conduit, lorsqu’il a été appliqué, à des situations inextricables, dont le bilan s’est souvent révélé… pire pour l’environnement ».

Selon leurs recherches, l’absence d’alternatives oblige à sur-traiter avec des produits moins efficaces et parfois plus nocifs, ou à importer des cultures pour lesquelles les mêmes normes ne sont pas respectées.

Ils rappellent que les promoteurs de cette idéologie écologique ont su investir de nombreux cercles décisionnaires.

Le livre raconte les racines historiques de l’écologie politique en les analysant autour de sa conception quasi-divine de l’harmonie de la nature puis les principaux thèmes de l’écologie politique sont passés en revue à l’aune des connaissances scientifiques : énergie, climat, agriculture, biodiversité, etc.

Le livre ne manque pas non plus de faire la lumière sur les méthodes: activisme, rapport ambigu à la violence, maîtrise des relations avec la presse, etc.

La peur avant la science?

Le mécanisme de l’écologie politique reposerait ainsi en grande partie sur des peurs infondées comme par exemple des « traces de produits chimiques » sans que la dose et le risque ne soient évoqués, peur des ondes invisibles de la téléphonie mobile et du wifi, etc.

Les auteurs disent par ailleurs « De façon sidérante, 63 % des Français pensent que les pesticides représentent un risque élevé ou très élevé pour leur santé, au même niveau que le tabac, et loin devant l’alcool (56 %), fléau pourtant avéré, ou les accidents domestiques (38 %) qui causent plus de 20 000 morts par an ».

Ils font la lumière sur des associations qui gèrent parfois des budgets colossaux et estiment que la rupture avec la science est largement consommée au début des années 1980.

Un livre à lire, argumenté qui s’appuie aussi sur des années d’enquêtes et des entrevues avec d’anciens ministres, des scientifiques et des responsables politiques.

«Spectacle et trucage dans l’écologie d’aujourd’hui»

Pourquoi le titre « Les illusionnistes», parce ce disent les auteurs, l’illusionnisme, c’est l’art du spectacle qui consiste à créer une illusion par des trucages. Et pour Woessner et Seznec, «incontestablement, il y a du spectacle et du trucage dans l’écologie politique d’aujourd’hui»

Les auteurs ne tirent pas nécessairement à boulet rouge sur l’écologie. Ils se déclarent mêmes convaincus «de la réalité des menaces que fait peser sur nos sociétés le réchauffement climatique et sont inquiets du devenir des écosystèmes».

Ils souhaitent à travers leur livre «promouvoir des solutions fondées sur l’éclairage scientifique qui permettent à la fois de préserver l’environnement et de répondre aux enjeux sanitaires, alimentaires et énergétiques d’une population de bientôt dix milliards d’habitants».

 

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