Les pesticides, une réalité depuis l’Antiquité

La Vie agricole vous a parlé ces dernières semaines du livre « Les illusionnistes», édité chez Robert Laffont et écrit par deux journalistes du magazine Le Point. Ils y expliquent que les pesticides sont une réalité depuis l’Antiquité.

Il y est fait référence entre autres du manque de compréhension de la part des Français d’une réalité de la production agricole : « Habitués à une nourriture abondante, diversifiée et bon marché, les Français auraient-ils totalement perdu la notion des conditions nécessaires à l’entretien des cultures? Pour pousser, une plante a besoin de nourriture, qu’elle puise dans les sols – c’est-à-dire d’azote, de phosphate et de potassium. Elle a aussi besoin d’eau, particulièrement au moment où elle croit : 6,8 % des surfaces agricoles étaient irriguées en France en 2020, selon les données du dernier recensement agricole ( contre plus de 20 % en Italie, et 15 % en Espagne). Et pour lutter contre les maladies qui attaquent ce « vivant», l’agriculture utilise des pesticides. C’est une réalité depuis l’Antiquité», peut-on y lire.

Dans les mêmes pas que l’Institut Jean-Garon

Par ailleurs certains points rejoignent une lecture que l’Institut Jean-Garon déclarait dès 2017 à savoir qu’un pesticide c’est comme un médicament : «Aujourd’hui, le vocable  ‘’pesticide’’ recouvre des milliers de préparations, aux propriétés fongicides, insecticides et herbicides, à la toxicité variable. En santé humaine, il ne viendrait à l’idée de personne de traiter de la même manière de la morphine, du curare et du paracétamol – en clamant que ‘’les médicaments sont dangereux’’ et qu’il faut nous les interdire», de dire les deux journalistes d’enquête.

Les auteurs ne donnent pas carte blanche à l’industrie des pesticides et rappellent d’ailleurs « Il n’est pas question, dans ce livre, de nier les dangers de certaines molécules ni les excès incontestables qui ont accompagné, après-guerre, la ‘’révolution verte’’. Des substances alors massivement utilisées ont eu des effets irrémédiables sur l’environnement et sur la santé (…) Mais alors que les quantités de pesticides épandus n’ont cessé de baisser depuis la fin des années 1980 et que les molécules utilisées aujourd’hui sont de moins en moins toxiques, il s’agit de comprendre pourquoi le grand public entretient la perception inverse, au point que des mamans tremblent quand leur enfant croque une pomme».

L’agriculture bio aussi utilisatrice de pesticides

Et les auteurs de rappeler : « (…) L’agriculture biologique utilise aussi des pesticides : L’Anses recense 305 molécules utilisables aujourd’hui en agriculture biologique. Le cahier des charges de l’agriculture bio n’accepte que les substances qualifiées de ‘’naturelles’’, mais certaines n’en sont pas moins toxiques pour l’homme et l’environnement comme le Spinosad ( un neurotoxique tueur d’abeilles, perturbateur endocrinien fortement suspecté) -(…)- Aujourd’hui l’inquiétude se concentre sur le pesticide le plus employé en agriculture biologique : le sulfate de cuivre, obtenu industriellement par décapage chimique du cuivre par de l’acide sulfurique», écrivent-ils. Et comme le rappellent les auteurs, il s’agit d’un fongicide indispensable pour protéger les cultures de vigne, de pommes de terre, de tomates et de pommiers.

Et de conclure les auteurs : « Si les militants anti-pesticides l’épargnent ( …) il est pourtant reconnu comme très toxique pour la vie aquatique, les oiseaux, les insectes, les petits mammifères et les micro-organismes des sols dans lesquels ce métal lourd s’accumule. (…) Son profil toxicologique étant le plus inquiétant que celui du glyphosate, l’Union européenne l’a classé sur la liste des substances toxiques ‘’candidate à la substitution’’».

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