Le Journal de Montréal titrait hier : « Agroalimentaire : Exceldor avalée par un milliardaire ontarien». Il semble que la coopérative avicole québécoise créée en 1945 cherchait des liquidités et aurait accepté une offre d’achat d’un géant de l’agroalimentaire, Sofina : 13 000 employés répartis dans cinq pays dans le monde. Puisqu’il s’agit d’une coopérative, les producteurs devront se prononcer sur cette vente le 5 juin prochain.
Comment une coopérative québécoise, fleuron de l’agroalimentaire, de 1,4 milliard de chiffre d’affaires, peut-elle en venir à être en difficulté financière dans un contexte de gestion de l’offre ? Rappelons que les secteurs du lait, des œufs et de la volaille sont des secteurs protégés par un système de contrôle de l’offre et de la demande! Le système national de la gestion de l’offre consiste à coordonner la production et la demande tout en contrôlant les importations afin d’établir un prix stable, autant pour les agriculteurs que pour les consommateurs.
Qu’adviendra-t-il de ces secteurs s’ils sont déjà présentement en difficulté avant que Trump ne fasse un bowling dans la gestion de l’offre comme cela semble être son intention!
Et si cette nouvelle n’était que l’annonce d’un grand vent de changement que personne ne veut entendre?
Est-ce le début de la fin du monde coopératif créé dans les années 70 dont Claude Béland, ancien président du Mouvement Desjardins disait déjà à La Vie agricole en 2016 : «Le succès d’une coopérative ne se mesure pas uniquement à ses résultats financiers, mais surtout à sa contribution à l’établissement d’une société juste et équitable. Si c’est la pérennité du capital qui décide, les Québécois ne décideront plus ce qui touche vraiment à leur nation. Et un modèle étranger prendra toute la place». Il ajoutait : « Même les piliers du modèle québécois que sont les coopératives et les entreprises d’économie sociale n’échappent pas aux diktats des agences de notation et du rendement avant tout, au prix de renoncer aux valeurs de partage, d’égalité et de solidarité qui ont animé leurs fondateurs».
Avec ce qui arrive à Exceldor et les difficultés connues d’autres coopératives dans les dernières années, tour à tour Agropur, Olymel etc, il ne serait pas surprenant que le grand démantèlement ne fasse que commencer!
Le gouvernement Legault quant à lui ne prévoit pas s’opposer à la transaction de la vente d’Exceldor à Sofina, précise Le Journal de Montréal dans son article citant même le ministre de l’Agriculture du Québec qui assure que : «le maintien des activités au Québec est assuré par la gestion de l’offre et les conventions de mise en marché.»