Des poules américaines dans nos assiettes déguisées en poulets ?

L’animal à plumes, emblème des États-Unis, l’aigle, pourrait bien avoir des consoeurs parmi les «bêtes à plumes» qui auraient une forte tendance à visiter un peu trop le Canada. Vendredi dernier Radio-Canada dévoilait que chaque semaine, plus de 70 camions provenant des États-Unis chargés de caisses de volaille entrent au Canada. On suspecte que plusieurs de ces camions transportent des catégories de poules ne respectant pas les ententes commerciales entre les deux pays. Un test génétique pourrait toutefois maintenant mettre un terme à ce commerce illégal de «poulets américains» !

Les producteurs de poulet canadien ont déclaré à Radio-Canada que ce commerce frauduleux de volaille se déroulerait depuis au moins 2010. En fait, on soupçonne que du poulet américain puisse être faussement étiqueté pour échapper aux tarifs. Si la production de poulet à griller est régie par un système de gestion de l’offre au Canada, ce n’est pas le cas pour la production de poule d’où l’importation de poules américaines parfois pour remplacer les poulets sur nos tablettes d’épicerie.  

Encore plus de poules américaines « déguisées» avec Trump au pouvoir ?

L’accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ont déterminé dans le passé que seulement l’équivalent de 7,5 % de la production canadienne de poulet peut entrer au pays. Au-delà de ce pourcentage, un tarif dissuasif de 249 % s’applique. Par contre, l’importation des poules de réforme américaines, elle, est sans limites, rappelle Radio-Canada. Qu’en sera-t-il après l’arrivée de Trump au pouvoir alors que celui-ci souhaite renégocier les accords de libre-échange et probablement faire tomber les systèmes de gestion de l’offre ? La frontière canadienne sera-t-elle encore plus ouverte aux poules américaines qui se font passer pour des poulets à griller ? Le stratagème qui se jouerait à la frontière depuis 2010 consisterait à faire passer du poulet à griller pour de la poule de réforme et ainsi accéder au marché canadien à moindre coût.

Plus de poules de réformes importées que la production américaine !

 « On estime qu’environ 40 % des importations de poules de réforme américaines sont en fait du poulet à griller », a déclaré, Yves Ruel, directeur du commerce et des politiques pour Les Producteurs de poulet du Canada à Radio-Canada. On calcule qu'en 2015, 103 millions de kilogrammes de chair de poule de réforme ont été importés en grande partie frauduleusement. Cela représente 10 % de la production canadienne de poulet et l’équivalent de 2700 emplois perdus au Canada. La fraude est devenue apparente lorsqu’on s’est rendu compte que les importateurs ont acheté plus de poules de réforme américaines que tout ce qui a été produit aux États-Unis dans une même année.

Pour connaître le fond de l’histoire, un test commandé à l’Université Trent, à Peterborough en Ontario, est en cours de validation auprès de l’Agence canadienne d’inspection des aliments au Canada pour identifier les ADN de ces volailles. Après la «fraude» révélée depuis plus d’un an sur le lait américain, voilà qu’une autre fraude du monde agroalimentaire semble poindre à l’horizon. Rien pour rassurer le consommateur sur ce qu’il mange. Alors qu’on sait aussi que le bœuf Québécois, élevé au Québec, et abattu aux États-Unis, n’est pas toujours Québécois quand il retraverse la frontière,  s’il fallait démontrer que le porc bio ne l’est pas forcément, toute la base de la confiance entre le monde agricole et le monde urbain s’effondrerait.

 

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