Un retour aux sources pour l’Union paysanne

Après plus de dix ans passés à la présidence de l’Union paysanne, Benoit Girouard a quitté son poste lors de la dernière Assemblée générale annuelle qui se tenait à Victoriaville, le 19 novembre dernier. Maxime Laplante a pris la relève à la présidence.

Impliqué depuis les débuts de l’Union paysanne, il continuera bien entendu de militer au sein de l’organisme, mais il a décidé de laisser le plancher au vice-président Maxime Laplante qui avait fondé l’organisation avec Roméo Bouchard, en 2001.

«Il y a parfois des croisées de chemins et moi j’étais rendu là », nous a confié Benoit Girouard en marge de l’AGA qui s’est tenu à huis clos au Complexe Sacré Cœur.

Il souligne que la stabilité administrative l’a convaincu de passer le flambeau, maintenant que l’Union peut compter sur une organisatrice à temps plein, un coordonnateur à l’international, et qu’elle envisage d’embaucher une troisième personne. «Je vais continuer de m’impliquer dans certains dossiers, mais je me retire du niveau administratif et de tout ce qui est «être en avant», a-t-il fait savoir.

Le monopole, presque terminé ?

Benoit Girouard estime que l’une des plus grandes victoires de l’organisation est d’avoir réussi à décloisonner l’agriculture par rapport à ce qu’elle était au début des années 2000. «Il y a seize ans, l’agriculture était en vase clos. On en parlait dans la Terre de chez nous, point. C’était toujours bicéphale: le ministère et l’UPA. Il n’y avait jamais d’autres interlocuteurs. Maintenant, il y a La Vie agricole, des groupes comme la CAPÉ, ce qui se fait en agriculture biologique au Cégep de Victoriaville où on voit les adhésions explosées. L’IDA de La Pocatière fait aussi du bio. De plus en plus d’entreprises utilisent le mot paysan dans leur nomination. Les fenêtres sont ouvertes, observe-t-il. C’est ça qui a le plus avancé.»

«Le monopole de l’UPA est en partie terminé. On parle d’agriculture, peut-être pas assez, mais beaucoup plus qu’il y a seize ans. On a compris que l’artisan et le paysan, ont une place et que c’est un moteur d’agriculture», note le président sortant.

De la parole aux actes?

L’organisation songe également à reprendre son rôle d’activisme, alors que les pourparlers politiques n’ont pas donné les résultats escomptés depuis le rapport Pronovost qui avait repris leurs propositions.

«Les libéraux sont là depuis quinze ans. Ça bouge un peu, mais pas tant que ça, s’impatiente Benoit Girouard. On a besoin d’une stabilité et d’une vision claire. Cette vision-là tarde à venir.»

En fait, la prochaine année sera celle de la dernière chance pour l’Union, notamment pour clarifier des dossiers comme la Politique agricole, l’étiquetage des OGM, le contrôle des pesticides et le monopole syndical. «S’il faut brasser la cage, on le fera, mais de façon intelligente et réfléchie», ajoute-t-il.

Si les résultats ne sont pas au rendez-vous, les militants pourraient en effet être tenté de prendre les grands moyens pour se faire entendre, que ce soit par des activités médiatiques, ou encore de la désobéissance civile, notamment en ce qui concerne le lait cru, l’abattage à la ferme et le hors-quota.

Un nouveau président prêt à mener des actions pour se faire entendre!

Le nouveau président, Maxime Laplante, croit lui aussi que la prochaine étape sera peut-être de prendre des actions pour se faire comprendre. «Les membres sont prêts à en découdre, raconte-t-il. Nous avons toujours mené nos démarches en bon citoyen, avec des résultats moyens. Nous avons commencé à judiciariser certains dossiers, mais en dernier recours, peut-être qu’il nous faudra poser des actions.»

En plus de la question du hors quota, pour laquelle une brèche semble s’ouvrir si l’on se fie aux plus récentes décisions devant la Régie, le nouveau président croit que la relève sera aussi un enjeu cher à son prochain mandat de deux ans. Il s’est d’ailleurs entouré d’un conseil de coordination composé de plusieurs jeunes dans la vingtaine.

C’était d’ailleurs le thème du dernier congrès «Changer d’horizon, ça passe par la relève». On souhaite outiller les jeunes et moins jeunes qui se lancent en agriculture par différents moyens dont la formation, l’aide au démarrage, le réseautage pour avoir accès à la terre ou des plateformes Web pour la mise en marché.

«Nos membres proviennent de différents horizons. Ils sont des néo ruraux. Ils ont une expertise, du talent, de l’énergie et donnent un souffle incroyable», estime le président qui croit que les paysans doivent innover pour réussir dans le «régime totalitaire» qu’impose le système québécois. Je donne souvent l’exemple de l’Allemagne de l’Est où j’ai vécu durant les années 1980. Les gens se sont débrouillés parce qu’ils étaient imaginatifs.»

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