Motus et bouche cousue ! Pas question de dévoiler ce que gagnent le président de l’UPA, Marcel Groleau, ni son directeur général, Charles-Félix Ross. Et ceux qui savent se cachent derrière « du moment qu’ils font bien leur job », pour se défiler.
Les seules informations connues dans le rapport financier 2016-2017 portant sur le Fonds syndical, le Fonds Maison de l’UPA et le Fonds des publications, indiquent globalement sous le vocable « instances et direction générale » une charge de 1,4 M$, une somme de 10,2 M$ pour les salaires, puis une charge de près de 8,8 M$ pour les services collectifs et de gestion, ou encore des frais de déplacement avoisinant les 200,000$. Sous quelle colonne se trouve la rémunération de Marcel Groleau et de son directeur général ?
Pourtant, d’autres syndicats d’envergure n’hésitent pas à plus de transparence.
Par exemple, lorsqu’il est entré en poste en 2014, le président du Fonds de solidarité de la FTQ, Gaétan Morin, a dévoilé publiquement qu’il encaisse un salaire de base annuel de 625 000$, qui grimpe à plus d’un million de dollars lorsqu’on y ajoute ses bénéfices sociaux et à la retraite. Du côté de la CSN, personne ne se formalise de dévoiler que les employés gagnent en moyenne 147 000$ par année, incluant leurs avantages sociaux, de retraite et d’assurance maladie. Le dernier rapport annuel 2016-2017 de la CSN indique avec détails que les six membres de l’exécutif et leurs 10 employés ont encaissés des revenus et remboursements de dépenses pour 9,7 M$ entre 2014 et 2017.
Pas important de savoir
Plusieurs personnes interviewées par La Vie agricole prétendent ignorer le salaire de Marcel Groleau et de Charles-Félix Ross et ne trouvent pas important de le connaître.
« C’est pas important pour moi, pourvu qu’ils fassent une bonne job », a lancé le président de la Fédération de l’Outaouais-Laurentides, Richard Maheu. « Je ne sais pas » a renchéri le délégué Marcel Denis. « Je n’ai pas regardé les états financiers, et je n’ai pas de commentaires à vous donner. Pour moi, c’est correct, ils font un très bon travail », a complété Louise Savoie, une déléguée de Saint-Hyacinthe, rencontrée lors du 93e congrès général en décembre dernier.
Président de son syndical local depuis 30 ans à Laval, Gilles Lacroix dit ne pas avoir d’idée du salaire de son président et ajoute : « Il n’y a rien qu’un gros salaire à payer et je suis prêt à le payer (…).»
Même leitmotiv chez Yvon Boucher, qui vient d’accéder à l’exécutif des Producteurs de lait du Québec. « Je ne sais pas combien gagne Marcel Groleau, mais ce qui est important c’est (…) que la rémunération lui convienne pour qu’il puisse continuer. »
Oui, non, je ne vous le dirai pas…
Membre de la Confédération, le président du syndicat d’Argenteuil, John McCart, commence par dire qu’il sait, puis se ravise et mentionne que Marcel Groleau n’a pas de salaire et qu’il ne collecte que des per diem. Et d’ajouter qu’il ne regarde pas les montants versés. Pour finalement avouer que « ce n’est pas une bonne place pour discuter de ça avec toi.»
Le nouveau 2e vice-président de l’exécutif, Paul Doyon se montre tout aussi secret, mais lâche du lest sur la formule de rémunération de Marcel Groleau. « C’est « tant » la journée, c’est le même modèle qu’au niveau des régions (…) ».