Le conflit entre le gouvernement et les étudiants sur les droits de scolarité nous amène à nous questionner sur le système d’éducation au Québec. En agriculture, la demande en diplômés n’a jamais été aussi grande. La recherche de candidats pour un employé agricole, un poste de technicien ou d’agronome n’a jamais été aussi compliquée. Le déséquilibre entre la demande et l’offre risque de mettre en péril le développement de l’agriculture dans le futur.
Plusieurs groupes mettent beaucoup d’effort à attirer et à former du personnel pour travailler à tous les niveaux de la filière agricole, travailleur agricole, gérant de ferme, technicien, conseiller agricole. Malgré ces efforts la main d’œuvre semble de plus en plus difficile à embaucher. L’association des industries de l’alimentation animale et céréalière du Québec (AQINAC) lors d’une rencontre avec le ministre de l’Agriculture et d’autres membres du gouvernement a manifesté son inquiétude face à la diminution de la fréquentation des institutions d’enseignement en agriculture. Malgré une demande de plus en plus grande de diplômés par le secteur agricole, l’agriculture ne semble plus attirer les étudiants.
C’est bien fini le temps où le système d’éducation sélectionnait les meilleurs candidats afin de les former. L’offre de diplômés répondait amplement à la demande. Aujourd’hui, le système d’éducation a pour mandat de former convenablement le maximum de monde avec une sélection minimum. Nos écoles doivent rendre compétents des gens qui autrefois n’auraient pas été sélectionnés ou même rejetés du système, un défi de taille, mais obligatoire pour répondre à la demande de la société.
De plus, les jeunes ont de plus en plus de choix de carrières intéressantes, l’agriculture a beaucoup de compétition. Le développement des mines et de l’énergie risque d’attirer de plus en plus de ressources en région, au détriment de l’agriculture. Cette pénurie de main-d’œuvre que nous vivons et qui risque selon plusieurs analystes et gens du milieu de s’aggraver, va profondément changer notre agriculture.
Notre productivité à tous les niveaux devra augmenter. Tous les intervenants de la filière agricole devront produire avec moins de main d’œuvre. Au niveau du conseil et de la distribution d’intrants, l’on devra avoir plus de clients par conseiller, au niveau de la production agricole plus d’automatisation. Il y aura aussi un choc au niveau des revenus et des couts de production. D’une part la main d’œuvre en plus d’êtres rare sera plus chère, ce qui mettra de la pression sur les couts de production. Mais d’autre part si les revenus n’augmentent pas, beaucoup d’entrepreneurs agricoles risquent de se tourner vers d’autres secteurs plus lucratifs. Pourquoi se casser la tête à vivre de sa ferme, quand on peut travailler et bien vivre dans un autre secteur d’activité? C’est la question que de plus en plus de gens vont se poser, et que de plus en plus de jeunes ont déjà répondu quand ils choisissent leur carrière future.
Beaucoup d’effort est mis actuellement en éducation, si le Québec veut se développer il va falloir en mettre encore beaucoup. Il va falloir investir dans nos professeurs, améliorer dans l’efficacité de nos écoles afin qu’elles accomplissent une tâche de plus en plus difficile, bien former un maximum de monde sans trop en échapper. Il va falloir attirer et garder les jeunes dans nos écoles. Financer cela, va demander un peu plus d’imagination que la simple hausse des frais de scolarité, mesure discutable si on la regarde d’un point de vue accessibilité à l’éducation. Mesure qui l’est certes moins du point de vue fiscal, le gouvernement a trouvé là une façon de nous imposer plus, en taxant encore plus un service public.