Sur l’autel de la mondialisation on a sacrifié nos producteurs avicoles et laitiers!

Au risque de me répéter, la nomination d’un nouveau titulaire est une occasion unique pour mettre en place une vision renouvelée de l’agriculture. Une vision qui ne se limite plus au modèle conventionnel de l’extensification des productions, mais qui fait appel à une agriculture basée sur plusieurs modes de production. Une vision pour faire contrepoids à celle des ententes signées par le gouvernement fédéral. En effet, les dernières négociations sur l’accord avec les Américains et les Mexicains ont démontré, hors de tout doute, le faible poids que représente aux yeux des politiciens fédéraux le secteur agricole du Québec.

Nos politiciens fédéraux ont ouvert grandes les portes à des produits inférieurs en qualité et en sécurité alimentaire. Sur l’autel de la mondialisation, on a sacrifié nos producteurs avicoles et laitiers et, au change, le consommateur québécois n’y gagnera rien. Pour chacune des trois ententes signées, le consommateur devra payer à même ses impôts et taxes d’importantes compensations aux producteurs. Pire le marketing des grandes entreprises de distribution et de commercialisation va l’inciter à consommer des produits dont la qualité est nettement inférieure et, plus souvent qu’autrement, ne répond pas aux normes canadiennes auxquelles doivent s’astreindre nos producteurs locaux.

Peut-on m’expliquer comment nos négociateurs et nos politiciens ont pu mettre sur le même pied la vente d’aluminium et celle entourant les produits alimentaires? Ce que je retiens des dernières négociations, c’est qu’on a ouvert grande la porte à des produits dont la sécurité alimentaire et le respect des normes environnementales sont inférieurs à nos produits locaux. Je ne saurais m’attarder sur le cas de la laitue romaine pour démontrer que notre santé en prend un coup et qu’avoir permis l’entrée de produits dont les normes sont inférieures aux nôtres a un coût pour le consommateur.

Pour contrer cette farce monumentale, j’invite le consommateur québécois à se tourner vers des produits provenant de l’agriculture de proximité et de se rendre dans l’un des 175 marchés publics répartis à la grandeur du Québec. Pour connaître le marché public le plus près de chez lui, le consommateur peut consulter le site Web de l’Association des marchés publics du Québec.

«M.Lamontagne, vous êtes le mieux placé pour susciter ce virage»

J’invite également le ministre Lamontagne à se faire le promoteur voire d’être le porte-étendard d’une agriculture qui réduit au minimum l’intermédiaire entre le producteur et le consommateur. Une agriculture qui remet plus d’argent dans les poches des producteurs et, par le fait même, profite au dynamisme de nos territoires ruraux. Nous sommes plusieurs à croire que l’agriculture, mais également que nos campagnes en ont bien besoin ; elles qui sont aux prises avec la baisse de la relève agricole, la spéculation foncière, l’étalement urbain et la pérennité des entreprises agricoles.

S’il acquiesçait à cette suggestion, le ministre Lamontagne serait l’un des premiers parmi tous ses collègues ministres à aborder un sujet fort complexe, mais qu’une grande partie de la population du Québec juge comme un incontournable : la lutte aux changements climatiques.

L’agriculture de proximité est un moyen, me direz-vous parmi tant d’autres, pour diminuer l’empreinte écologique de la vente de produits agricoles et agroalimentaires. Par exemple, comparativement aux tomates ou concombres d’ici, le consommateur doit être sensibilisé au fait que les produits provenant du Mexique ou d’ailleurs génèrent des effets de serre importants, et par conséquent, participent aux changements climatiques. En accueillant les consommateurs pour la vente de produits frais et en offrant toutes sortes d’activités pédagogiques ou même ludiques, le revenu des exploitants s’en trouve améliorer. L’économie et la vitalité de nos territoires ruraux s’en portent également mieux.

Permettez-moi également, monsieur le ministre Lamontagne, de vous suggérer de discuter avec votre collègue de l’Éducation pour valoriser auprès des jeunes du primaire et du secondaire la visite d’exploitations agricoles. Ces visites permettraient de promouvoir un modèle d’approvisionnement local et qui sait peut-être de susciter aussi des vocations, qui manquent cruellement à la relève et à la transmission des exploitations.

Au Québec l’agriculture de proximité s’organise et gagne de l’importance auprès du consommateur. Pour cette raison, monsieur le ministre, l'agriculture de proximité doit être fortement encouragée et vous êtes le mieux placé pour susciter ce virage.

Sans vouloir prôner le repli sur soi, je demeure persuadé que la signature d’ententes avec l’Europe ou les États-Unis d’Amérique et le Mexique démontre, comme le proclament haut et fort nos voisins du Sud, la nécessité de penser « Local d’abord ».

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