Lors du budget 2020-2021 auquel a assisté La Vie agricole aujourd’hui, le gouvernement a fait état fièrement de son plan ambitieux pour la lutte des changements climatiques rappelant que le Québec est l’endroit où l’on émet le moins de GES par habitant en Amérique du Nord. Le gouvernement caquiste veut rester chef de file mondial dans la protection de l’environnement avec un Plan 2030 pour une économie verte (PEV). Les oppositions doutent du discours gouvernemental.
6,2 milliards sont prévus dans ce cadre et 500 millions additionnels consacrés notamment à mettre en œuvre un plan d’agriculture durable peut-on lire dans les documents remis lors du budget. Avec son PEV le Québec s’engage à réduire ses émissions de GES de 37,5 % par rapport à leur niveau de 1990.
Dans son bilan, le ministre des Finances Éric Girard met l’accent sur le développement durable du secteur agricole. « Le secteur agricole joue un rôle essentiel dans le développement régional et la mise en valeur des territoires. Il présente de plus un excellent potentiel de croissance, en raison de l’intérêt accru des consommateurs pour la saine alimentation, pour les produits locaux et pour la production biologique. Le gouvernement entend tirer parti de ce contexte favorable au développement et à la croissance», écrit-il.
Il a aussi annoncé réserver 295 millions de dollars aux ressources additionnelles sur six ans pour le développement du secteur agricole : « Des initiatives seront engagées pour favoriser une utilisation judicieuse des antibiotiques en production animale, pour réduire les risques liés à l’usage des pesticides, ainsi que pour assurer le bien-être des animaux.» Une annonce du ministre de l’Agriculture devrait être faite sous peu concernant les projets de l’agriculture durable.
Un coup de pouce aux régions
Le gouvernement de François Legault annonce également 900 millions de dollars pour le développement des régions d’ici 2024-2025 parce que rappelle-t-il : « Le développement économique du Québec repose sur la mise en valeur du potentiel de chacune des régions».
Les forêts par leur capacité naturelle à capter le carbone, permettent au Québec de mieux lutter contre les changements climatiques, le gouvernement entend donc tirer pleinement profit de cet apport contributif. Le gouvernement prévoit 63,8 millions de dollars sur cinq ans pour la mise en œuvre de plusieurs initiative comme réaliser des travaux sylvicoles pour favoriser la mise en terre de plants en forêt publique et privée ou acquérir des connaissances sur l’effet de la séquestration du carbone des différents traitements sylvicoles et sur l’adaptation de nos forêts aux changements climatiques dans le but d’optimiser les décisions sylvicoles futures.
La gestion de l’offre malmenée avec L’ACEUM
Dans les documents remis lors du budget il a été fait état d’une ouverture du marché canadien aux producteurs laitiers américains avec la signature prochaine de l’ACEUM, L’Accord Canada/États-Unis/Mexique : « En vertu de l’Accord, les producteurs laitiers américains auront un accès accru au marché canadien. En effet, les quotas d’importation exemptés de tarifs douaniers au Canada seront relevés pour plusieurs produits, tels que le lait et le fromage.».
Rien pour rassurer les producteurs sur l’avenir de la gestion de l’offre!
Que pensent les oppositions du budget caquiste ?
Amenés à commenter le budget du gouvernement Legault pour l’année 2020/2021, les leaders de l’opposition ont fait connaitre leur lecture différente des orientations et bilans du gouvernement en place.
Carlos Leitao, critique aux finances pour le parti libéral, doute : «40 % des nouvelles dépenses vont s’effectuer dans un deuxième mandat éventuel après 2022. Dans le cadre des changements climatiques c’est même 70 % qui seront dépensés après le mandat actuel, donc on verra!».
Il s’inquiète de la menace d’une économie chancelante notamment depuis l’éclosion du coronavirus et s’étonne qu’aucune provision ne soit annoncée par le gouvernement.
Pour Manon Massé, de Québec Solidaire, la déception est totale : « J’ai vraiment voulu y croire lorsque le premier ministre nous a promis un budget de l’environnement en début d’année. ( … ) Ce budget-là n’est pas un budget vert. C’est un budget d’écoblanchiment comptable. Le gouvernement nous lance des chiffres imposants, mais en regardant de plus près, on se rend compte qu’il y a peu de choses qui changent à court terme pour répondre à l’urgence climatique».
Pour son collègue Vincent Marissal : « Une analyse sérieuse du budget déboulonne complètement les prétentions environnementales du gouvernement. Ce n’est simplement qu’un grand mirage».
«Les surplus sont énormes mais gaspillés dans les obsessions de la CAQ ( …) Pour nous ce n’est pas un budget nationaliste et pourtant la CAQ se prétend nationaliste», a déclaré, Martin Ouellet, critique péquiste en matière de finances pour qui le budget caquiste n’est pas pour lui non plus, un véritable budget vert.
Pas de cas de l’agriculture pour les oppositions !
Aucun des critiques venus s’exprimer sur le budget 2020/2021 du gouvernement Legault n’a émis quelque commentaire que ce soit sur l’agriculture !