Dans le journal régional L’Éclair de l’est en France les betteraviers veulent le retour des semences enrobées d’insecticides. Leur production est mangée par les pucerons et c’est la seule manière de gérer la crise parasitaire, disent-ils. Deux députés et une sénatrice de l’Aube les appuient.
«Un puceron vert fait des siennes. Les larves ont survécu en grand nombre à un hiver trop doux, et les pertes de rendement sont créées par une jaunisse de la betterave». Les producteurs se plaignent : «Depuis l’interdiction des semences enrobées d’insecticides néonicotinoïdes, ils affirment n’avoir plus de moyen de lutte efficace contre ces pucerons.»
On sait que les néonicotinoïdes ont été interdits en France pour protéger les abeilles mais les producteurs de betteraves rappellent que celles-ci ne fleurissent pas l’année de leur récolte donc qu’elles n’attirent pas les abeilles. La betterave ne fleurit que dans sa deuxième année, alors qu’elle est récoltée dans sa première année de culture, pendant laquelle elle accumule du sucre. Les réclamations des producteurs de l’Aube sont d’autant plus justifiées, selon les députés qui les soutiennent, que sur le plan européen d’autres joueurs comme les allemands ou les belges ont déjà octroyés des dérogations.
Les députés qui soutiennent cette démarche rappellent quant à eux que sur leur territoire les sucreries sont des employeurs de grande importance et un atout majeur pour l’équilibre des revenus des producteurs.
Et au Québec et au Canada ?
« Une utilisation contrôlée, rigoureuse et responsable des pesticides est la clé pour limiter les risques qu’ils entraînent », avait déclarait la ministre de l’environnement du Québec en 2018, Isabelle Mélançon en évoquant une situation alarmante.
Le président des Producteurs de grains du Québec, Christian Overbeek, lui avait alors répondu : « La nouvelle réglementation des pesticides est excessive, restrictive, coûteuse. Elle peut être contestable scientifiquement, elle est autoritaire, elle est sûrement irrespectueuse du rôle-conseil exercé par les agronomes du Québec et, finalement, elle est inutile et démotivante ».
Mais en terme de règlement la gestion est plus canadienne que québécoise et si le Canada en 2019 par le biais de Santé Canada a annoncé de nouvelles interdictions d’ici deux ou trois ans dans l’usage des insecticides dits «tueurs d’abeilles», ces restrictions avaient été jugées laxistes par les groupes environnementaux.