Grosses annonces pour promouvoir l’autonomie alimentaire, mais sans nommer une seule fois le rapport Pronovost !

Lors de l’annonce faite en novembre par le ministre André Lamontagne sur de nouvelles mesures pour accroître l’autonomie alimentaire du Québec, celui-ci était accompagné de Jean-Sébastien Gascon, vedette montante au regard du succès récent de Bœuf-Québec en ces temps de pandémie, de Sylvie Cloutier, directrice générale du CTAQ, Conseil de la transformation alimentaire du Québec et de l’inévitable président de l’UPA, Marcel Groleau.

Le ministre a annoncé d’autres centaines de millions pour aider l’industrie agricole et agroalimentaire. On peut se satisfaire d’un ministre de l’Agriculture qui obtient l’écoute du Premier ministre qui, celui-ci, sans être présent, a soutenu la démarche via un message vidéo.

Principal enjeu, la main-d’oeuvre

Le ministre Lamontagne a, quant à lui, lancé aux Québécois le défi du 12 dollars par semaine à dépenser en produits québécois rappelant que si chaque québécois l’applique on augmente de 1 milliard de dollars la demande auprès des producteurs et des pêcheurs, soulignant par la même occasion qu’une telle approche rapporterait gros aux régions du Québec.

«Le principal souci, a-t-il précisé, reste le manque de main- d’œuvre», ce que n’a pas manqué de souligner aussi la directrice du CTAQ d’où l’importance accordée à l’innovation en robotique tant aux champs que dans la transformation dans cette annonce.

De la place pour les petits !

Le ministre Lamontagne a aussi souligné qu’il n’oubliait pas les petites entreprises qui sont, a-t-il dit, «nombreuses et garantes de la vitalité des régions».  Cela a permis au président de l’UPA, Marcel Groleau, de souligner que «les grosses fermes au Québec c’est un mythe au regard de ce qui se fait aux États-Unis et en Ontario». Marcel Groleau a pu ainsi déclarer que l’UPA aide au maintien des entreprises de petite taille!

L’absence de l’Union paysanne, non reconnue de toute façon officiellement par les gouvernements successifs ( et de plus, quelque peu empêtrée dans de la régie interne ces temps-ci), a donné toute l’occasion à l’UPA de faire le grand écart et de se déclarer comme le soutien de tous les types d’agricultures, ce qui sur le papier et sur le plan législatif peu importe ce que chacun en pense est un fait.

Aucune allusion au rapport Pronovost

On pouvait quand même s’étonner d’une telle conférence sur l’autonomie alimentaire sans que ne soit prononcé une seule fois le nom de Jean Pronovost, (oups si pardon, votre humble serviteur au cours d’une question sur la situation dans le bœuf a osé rappeler que Jean Pronovost serait fier d’entendre des annonces en lien avec l’autonomie alimentaire du Québec ! Revoir la vidéo sur notre site)

Que sur une tribune axée sur la politique d’autonomie alimentaire du Québec ne soit pas invitée la seule organisation qui a déterré et qui honore chaque jour le rapport Pronovost ( Je nomme-là, l’Institut Jean-Garon), c’est une chose, mais que le rapport Pronovost soit banni d’une telle manifestation autour de l’autonomie alimentaire alors que le ministre le considère comme son étoile du nord m’apparait quelque peu anachronique!

Mais on comprend que Marcel Groleau était aussi à la tribune et les deux, Groleau et Pronovost ne sont apparemment toujours pas compatibles.

«Hold-up» des millions annoncés ou réelle répartition ?

Au final pour l’UPA que le premier ministre interpelle les Québécois pour choisir des produits québécois «c’est de la musique à nos oreilles», de dire Marcel Groleau.

Cette conférence a aussi était une belle occasion pour M. Groleau de nous rappeler que « la pandémie a fait réaliser que le commerce international va rester important, mais que certains volets comme l’alimentation restent essentiels».

Marcel Groleau s’est ensuite réjoui que la Financière agricole ne soit plus qu’une assurance, mais doive jouer un rôle d’accompagnement auprès des producteurs dans leurs projets.

Espérons que les millions déversés ne seront pas l’objet d’un «hold-up» d’une certaine vision et que tous les types de production y iront accès.

Encore récemment à L’Islet-sur-Mer Martin Beaulieu, président de Ouellet Canada et producteur de bœuf mini-Angus, nous expliquait comment dans son cas on le trouve toujours pour qu’il paye telle ou telle cotisation au syndicat ou à des structures parallèles, mais que ce même syndicat est aux abonnés absents lorsqu’il est question qu’on lui apporte de l’aide comme ‘’petit’’ producteur d’un cheptel de 90 têtes ! Une vidéo à découvrir aussi sur LVATV dans le cadre de nos Quotidiennes du midi.

Gardons espoir, comme Jean-Sébastien Gascon, qui lui voit le bœuf de boucherie comme une valeur hautement stratégique autant que le lait, la volaille ou les œufs pour le futur. Il a d’ailleurs rappelé que depuis la pandémie Bœuf Québec double ses ventes aux 4 mois. Il pouvait aussi sûrement se réjouir d’entendre le ministre et le président de l’UPA reconnaître qu’il fallait développer l’abattage en région plutôt que de réitérer un projet à la Colbex. L’histoire ne dit toutefois pas comment réaliser à moyen terme l’abattage des vaches de réforme au Québec !

On verra !

 

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