Dans le cadre d’une conférence virtuelle donnée aujourd’hui par le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, dans le cadre du programme d’activités du Cercle de Finance du Québec, le constat est clair : l’élan économique du Québec est brisé, mais l’espoir peut renaître en faisant preuve de solidarité.
Le président de l’institution financière confirme que la sévérité de la 2e vague est bien réelle. Le PIB, a-t-il dit, a reculé de 5,4 % au Québec en 2020. Le rebond de l’économie cette année sera probablement de 3,4 %. Il faudrait attendre 2022 pour se retrouver au niveau de performance d’avant la pandémie selon Guy Cormier. Mais M.Cormier le dit : «Il y a des secteurs qui vont largement contribuer au développement économique du futur que ce soit le domaine de l’énergie, de la construction ou de l’agroalimentaire.»
Il s’est félicité du soutien important des gouvernements, mais a rappelé que d’autres effets sont un peu moins visibles dans le contexte de la pandémie : c’est le cas de la fermeture des frontières qui a fait chuter l’immigration et qui aura un impact sur la main-d’oeuvre disponible.
Le président de Desjardins s’est aussi inquiété pour les jeunes qui, dit-il, sont parmi les plus impactés tout comme les femmes très présentes dans la restauration et le tourisme.
La pandémie a permis de gagner en flexibilité
«Il y aura tout un travail de guérison au fil des années à venir. Mais si la vaccination se passe bien, il y a des leviers qui peuvent clairement nous aider : avec le télétravail, avec le commerce en ligne, en termes de technologie… notre société a gagné en flexibilité», a-t-il précisé.
«On voit aussi une hausse de l’épargne qui aidera à la future consommation. Le tout appuyé sur des taux d’intérêt bas pour plusieurs années.», dit-il.
Desjardins prévoit une reprise, mais qui ne ramènera pas tous les emplois. Le taux de chômage était de 5,1 % en 2019, de 8,8 % en ce moment et il faudra attendre 2022 pour revenir autour de 7 %.
Le retour à la normale ne sera pas forcément une partie facile à jouer notamment parce que des risques se profilent comme le risque d’une très forte demande et un manque d’offre qui associées à des politiques évaluées en ce moment par les banques centrales pourraient entraîner de l’inflation.
Les beaux jours oui, mais pas pour tout le monde !
Le risque de détérioration des finances publiques est bien réel suite à la crise nous dit-il et la relance ne ramènera pas tout le monde aux beaux jours au même moment. Le président de Desjardins voit une reprise en K qui ne sera pas égale pour tous puisque certains verront leurs revenus augmenter conséquemment quand d’autres les verront fondre.
Pour cette raison, il rappelle «qu’il faut que la crise nous amène à penser l’économie autrement».
«On voudra regarder le PIB chaque trimestre, mais le PIB va augmenter, mais la détresse de plusieurs aussi, car si on ne regarde que le PIB on ne règlera pas les problèmes qui vont survenir», dit Guy Cormier.
Il fait d’ailleurs sur ce concept référence à l’économiste Joseph Stiglitz qui disait que le bien être ne dépend pas seulement du niveau de vie, mais aussi la qualité de vie.
«Le choc de la pandémie et de la crise va nous amener à penser à une prospérité partagée comme le proposent les coopératives. Il faut aller vers une économie circulaire, dans laquelle les résidus des uns deviennent la matière première des autres. Le phénomène ‘’Biden’’ vers une économie verte est une économie d’avenir.»
«La crise a mis en évidence la nécessité des États. De nouveaux partenariats vont se dessiner sous le thème de la responsabilité partagée entre États et entreprises. Il faut sortir du système économique linéaire pour aller vers l’économie circulaire, car la pandémie a prouvé qu’on est tous liés», dit-il.
L’avenir des prochains mois ne sera pas facile, mais on est capable en faisant preuve de solidarité, de conclure M.Cormier.